le reste, et la communion, et la messe, et mes souliers neufs, pour ne plus me rappeler que ce qu’on m’avait raconté de plus beau jusqu’à ce jour sur les plus beaux anges du bon Dieu.
— Ah çà, Vacciné, demanda un jour M. Groscler à mon père, qu’est-ce que tu vas faire de Tanisse, maintenant que le voilà grand garçon ?
— Pardié ! notre maître, vous pensez bien que je n’en veux pas faire un banquier ; il fera comme moi : il ira à la vigne.
— Tiens, vois-tu, si tu étais de mon avis, il me semble que ce serait dommage d’en faire un va-t-aux vignes. Je trouve qu’il est déjà pas mal savant pour son âge. Si tu voulais m’en croire, nous aviserions à autre chose.
— Pardié ! notre maître, ce n’est pas la bonne volonté qui manque ; mais il faut avoir de ce qui glisse, et vous savez bien…
— Écoute : il m’est venu une idée.
— Je ne dis pas le contraire.
— Il sait lire, écrire et compter ?
— Oh ! pour ça !
— Le maître et M. le curé m’ont dit qu’ils avaient toujours été bien contens de lui.
— Oh ! je crois bien qu’il aura fait tout son possible.
— Eh bien ! mon cher Vacciné, si tu es de mon avis, je crois que je lui ai trouvé une place.
— Ah ! ah ! vous êtes bien bon, notre maître.
— J’ai parlé à M. Joliot, le percepteur, qui le prendrait volontiers pour faire ses commissions.
— Ah ! ah ! pour courir chez les contribuables en retard, avec les billets jaunes ?
— Pour faire tout ce qui se trouvera ; il faut un commencement partout.
— C’est juste. Eh bien ! ma foi, je n’ai rien contre.
— Il gagnera, pour commencer, six francs par mois, avec son dîner à la cuisine.
— Eh bien ! pardié ! c’est déjà quelque chose.
— Vois-tu, Vacciné, toi et la Pélagie vous faites comme moi, vous n’êtes plus tout jeunes. Le moment viendra où vous aurez peut-être bien de la peine à vous en tirer. Que Tanisse aille à la vigne, ça ne le mettra guère en état de vous aider sur vos vieux jours, tandis qu’avec une petite place, qui peut devenir quelque chose par la suite des temps… enfin voilà. J’ai promis à Tanisse de m’occuper de lui : tu vois que je suis homme de parole.
Mon cher parrain, je m’en aperçois seulement maintenant, faisait