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la signification véritable est une des plus récentes acquisitions de la science. Dans certaines espèces toujours ovipares, chaque œuf produit un animal sans aucun rapport apparent avec ceux qui lui donnèrent naissance. Puis cet animal engendre à lui seul, et comme de toutes pièces, un grand nombre d’autres êtres qui ne lui ressemblent pas davantage. Ici les dissemblances portent non plus sur un seul individu étudié à divers âges, mais sur des générations entières qui se succèdent, toujours différant les unes des autres jusqu’à la dernière, laquelle seule reproduit le type premier. Pour rester fidèle à notre métaphore, nous dirons que chez ces animaux la route suivie par la nature est d’abord unique et à peu près directe, mais que bientôt elle va se divisant et se subdivisant en sentiers plus ou moins tortueux, aboutissant toutefois au même but.

Bien que ces faits se laissent ramener à la même cause et à des procédés fondamentaux communs, bien qu’ils ne soient en réalité qu’une continuation des phénomènes embryogéniques, ils diffèrent cependant assez pour qu’on les distingue dans le langage. Nous verrons d’ailleurs que les plus simples se retrouvent dans les plus complexes, et, sous peine d’ajouter encore aux difficultés de notre sujet, il faut bien les désigner par des dénominations spéciales. Nous appellerons transformation les changemens qu’éprouvé un germe quelconque pour se constituer à l’état d’embryon, ceux qu’on observe dans tout animal encore contenu dans l’œuf, ceux enfin que présentent, dans le cours de leur vie extérieure, les espèces qui naissent avec des formes à peu près arrêtées. Nous conserverons le nom connu de métamorphose aux changemens subis après l’éclosion, et qui altèrent profondément la forme générale ou le genre de vie de l’individu. Nous désignerons enfin par le terme nouveau de géagènèse les changemens qui portent sur les générations elles-mêmes. Notre travail se trouvera ainsi comprendre trois ordres de recherches, et ce sera encore traiter bien succinctement les grandes questions qu’il soulève que de consacrer une étude spéciale à chacune des divisionsde ce vaste sujet.


I.

TRANSFORMATION.

I. — TRANSFORMATIONS DE L’OEUF.

De la ressemblance à peu près absolue que présentent dans leur composition tous les œufs étudiés jusqu’ici, il serait presque permis de conclure à l’identité des premiers phénomènes de transformation.