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REVUE DES DEUX MONDES.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
— Les soleils couchans
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
— Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.


X.

MŒSTA ET ERRABUNDA.


Dis-moi, ton cœur parfois s’envole-t-il, Agathe,
Loin du noir océan de l’immonde cité,
Vers un autre océan où la splendeur éclate,
Bleu, clair, profond, ainsi que la virginité ?
Dis-moi, ton cœur parfois s’envole-t-il, Agathe ?

La mer, la vaste mer console nos labeurs.
Quel démon a doté la mer, — rude chanteuse
Qu’accompagne l’immense orgue des vents grondeurs, —
De cette fonction sublime de berceuse ?
La mer, la vaste mer console nos labeurs.

Emporte-moi, wagon ! enlève-moi, frégate !
Loin ! — loin ! — ici la boue est faite de nos pleurs !
— Est-il vrai que parfois le triste cœur d’Agathe
Dise : Loin des remords, des crimes, des douleurs,
Emporte-moi, wagon, enlève-moi, frégate ?

Comme vous êtes loin, paradis parfumé,
Où sous un clair azur tout n’est qu’amour et joie,
Où tout ce que l’on aime est digne d’être aimé,