Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 10.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


L’ENQUÊTE PARLEMENTAIRE
EN ANGLETERRE.


Il y a en ce moment en Angleterre deux chambres des communes : l’une, composée de six cent cinquante-neuf membres, qui siège en bas, dans la salle ordinaire ; l’autre, composée de onze membres, qui siège en haut, dans un des bureaux. Cette seconde chambre, qu’on pourrait appeler un parlement concentré, a pour fonctions de faire une enquête sur l’expédition de Crimée, fonctions tout à fait nouvelles, car on n’a pu y trouver pour justification et pour précédent que l’enquête faite après la désastreuse expédition de Walcheren. Or à cette époque la chambre n’avait à examiner et à juger qu’un fait accompli, et non pas des opérations encore en cours d’exécution ; elle appelait devant elle le ministre responsable, lord Chatham, et les généraux et les amiraux qu’elle pouvait accuser avaient la faculté de venir se défendre ; enfin les accusés comparaissaient à la barre de la chambre entière, et non pas devant un comité délégué.

Aujourd’hui les circonstances sont toutes différentes. La chambre des communes avait devant elle un gouvernement responsable, et ce n’est pas à lui qu’elle s’adresse. Elle constitue un tribunal exceptionnel chargé de faire une enquête sur la conduite d’une grande expédition militaire, qui malheureusement est loin d’être terminée, et sur les faits et gestes de généraux et d’amiraux qui sont à quelques centaines de lieues. Cette enquête, dont nous nous proposons d’exposer les diverses phases, est une des plus grandes légèretés que