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si, la spéculation restant libre, ce service n’était pas monopolisé dans trois ou quatre mains seulement. Cependant il faut convenir que le monopole n’est pas sans quelque avantage, comme moyen d’assurer des montures à chacun, tant il est vrai que dans des questions de cette nature il n’y a pas de principes absolus.

Le prix du transport pour aller et revenir s’élève ordinairement à 2,000 piastres (500 francs) ; mais le contrat ne se fait pas toujours pour aller et revenir. A moins de stipulations contraires, le pèlerin, une fois arrivé à La Mecque, soit qu’il préfère s’en retourner par l’Egypte et dès lors par mer, soit qu’il n’ait pas été satisfait de la bonté de sa monture ou des soins des chameliers, est libre de quitter son moucre. Le moucre, de son côté, a la même faculté; la première partie du voyage une fois accomplie, il peut abandonner son pèlerin, ou pour en prendre un autre qui le paie plus cher, ou pour vendre son chameau à La Mecque, s’il y trouve de l’avantage. C’est afin que l’un et l’autre puissent conserver la liberté la plus complète à cet égard que l’autorité de Damas ne fixe le prix du transport que pour l’aller. Ce prix s’élève ordinairement à 1,000 piastres (250 francs) pour chaque pèlerin allant en cacolet. Un chameau porte dans ce cas deux voyageurs, et il en faut un second pour porter le double bagage. La dépense s’élève à 4,000 piastres pour un voyageur se faisant porter en tartaraouan, sorte de litière établie sur de longs brancards, entre deux chameaux, allant l’un devant, l’autre derrière. Un tartaraouan demande quatre chameaux, attendu que, par suite de la grande fatigue qu’entraîné ce mode de transport, il en faut toujours deux en réserve. Ainsi l’on peut calculer qu’en règle générale le prix du loyer d’un chameau s’élève à 1,000 piastres (250 francs) : c’est plus que la valeur de l’animal; mais il y a à défalquer la nourriture pendant le voyage, et la mortalité, que l’on estime devoir s’élever de 10 à 15 pour 100 du nombre des animaux. Quant au prix des transports pour le retour, il est fixé à La Mecque, par l’autorité supérieure de cette ville, absolument de la même manière que le prix du voyage pour l’aller est fixé à Damas.

J’ai déjà parlé des châteaux qui ont été édifiés sur toute la longueur du chemin, et j’ai dit qu’ils étaient surtout destinés à renfermer les provisions nécessaires à la caravane pour son retour. En effet, la caravane, qui trouve à Damas le biscuit, l’orge et la paille à très bas prix, paierait à La Mecque ces mêmes denrées à un prix très haut. L’Hedjaz n’est pas aussi fertile que la Syrie, et la présence d’innombrables pèlerins ayant bien vite épuisé les approvisionnemens que renferment les magasins de la ville sainte, les prix s’y