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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 10.djvu/530

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la branche occidentale du canal, elle est partout, sauf peut-être dans la partie qui occupe l’emplacement de l’ancien lit du Bahr-Jousef, à l’abri de l’invasion des sables.

Passons maintenant à la deuxième catégorie d’objections, à celles qui, en admettant la possibilité du canal des deux mers, tendent à en mettre l’utilité en question.

On a prétendu que les difficultés de la navigation de la Mer-Rouge suffiraient pour détourner le commerce de cette voie. Jusque dans ces dernière temps, cette mer a été peu pratiquée, et il était permis d’en exagérer les périls. Aujourd’hui on sait beaucoup mieux à quoi s’en tenir; l’expérience a fait justice de ces exagérations, et les trajets réguliers et habituels des bateaux à vapeur qui font la correspondance de l’Inde témoignent assez que la navigation à vapeur n’y rencontre aucune difficulté sérieuse. Ces craintes sont-elles plus fondées en ce qui concerne la navigation à voile? Je ne le crois pas. La Mer-Rouge, beaucoup moins sujette aux coups de vent violens que la Méditerranée elle-même, n’offre d’autres inconvéniens réels que la constance des vents dans certaines saisons et dans certains parages, d’autres dangers que les récifs cachés qui se rencontrent souvent dans le voisinage des côtes ou des îles dont elle est parsemée. Quant au dernier point, de bonnes cartes et un peu de précaution y remédieront, et y ont déjà presque complètement remédié. Reste donc à se rendre compte de l’influence que peut avoir la constance des vents.

Pendant les mois d’été, de mai à septembre inclusivement, les vents du nord règnent généralement dans toute la Mer-Rouge, de Suez au détroit de Bal-el-Mandeb. Cette saison serait donc favorable pour aller aux Indes, mais très défavorable pour le retour. Pendant les mois d’hiver, d’octobre à avril, la direction et la tenue des vents varient avec les parages; voici les indications que fournissent à ce sujet le capitaine Moresby et M. Rogers.

Du détroit de Bab-el-Mandeb jusqu’au 15e parallèle, les vents soufflent constamment du sud, sauf quelquefois un jour ou deux, à l’époque de la pleine et de la nouvelle lune, pendant lesquels ils viennent du nord; le courant prend ordinairement la direction du vent, et a une vitesse de 15 à 20 milles par jour. Du 16e au 20e parallèle, les vents sont variables et soufflent presque autant du nord que du sud. Du 21e au 27e parallèle, le vent du nord est le vent régnant; mais il se passe rarement une demi-lunaison sans qu’il y ait un ou deux jours de vent du sud. Du 27e degré à Suez, le vent du nord est rarement interrompu par celui du sud, si ce n’est en décembre, janvier et février. Les courans suivent, comme dans les