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Israël s’enrôla dans le régiment du colonel John Patterson. La bataille de Lexington fut livrée le 18 avril 1775, et la nouvelle en arriva dans le comté de Berkshire le 20, à midi. Cette nouvelle surprit Israël à sa charrue ; un demi-acre de terre restait encore à labourer. Le brave colon termina ce travail, prit son havresac, mit son fusil sur l’épaule, et se dirigea sur Boston avec le régiment de Patterson. Le régiment resta campé plusieurs jours aux environs de Charleston (Massachusetts). Le 17 juin, un millier d’hommes furent employés à fortifier Bunker-Hill. Commencée à la tombée de la nuit, la redoute était achevée au lever de l’aurore. On connaît les détails de cette célèbre bataille. Pleins d’aristocratique dédain pour leurs ennemis, les grenadiers anglais montent à l’assaut avec une lenteur impassible, et le feu des colons, chasseurs habiles et habitués à ne pas perdre inutilement leur poudre, éclaircit rapidement leurs rangs ; mais bientôt les munitions viennent à manquer, on va se rencontrer corps à corps. Il n’y avait pas, du côté des Américains, un fusil sur vingt qui fût pourvu d’une baïonnette. La tête nue et les manches retroussées, les terribles fermiers, en frappant à droite et à gauche, s’ouvrent un chemin à travers les grenadiers. Au milieu de la mêlée, Israël vit tout à coup une épée dirigée vers ses pieds. Pensant que c’était quelque ennemi à terre qui cherchait à frapper encore un dernier coup, il écarte le fer avec la crosse de son fusil ; mais la main qui tenait l’épée était glacée par la mort et la serrait encore vigoureusement, comme si elle eût refusé de la rendre. En ce même moment, une autre épée se dirigeait vers sa tête, et l’assaillant tombait sous les coups d’un camarade d’Israël. Cependant Potter n’échappa pas intact à cette bataille meurtrière ; il y reçut quatre blessures : une blessure au coude, une à la poitrine, plus deux balles logées, l’une dans la hanche, l’autre près de la cheville. Le soldat fut transporté à l’hôpital de Cambridge, guérit de ses blessures et rejoignit bientôt son régiment.

Le 3 juillet, Washington vint du sud prendre le commandement de l’armée rebelle. Les Anglais qui composaient la garnison de Boston souffraient beaucoup du manque d’approvisionnemens. Washington prit toutes les précautions nécessaires pour les empêcher de se ravitailler. Il équipa trois vaisseaux armés pour intercepter tous les corsaires. L’un de ces vaisseaux était le brigantin le Washington, de dix canons, commandé par le capitaine Martindale. Il était fort difficile de se procurer des marins, et on demanda des volontaires parmi les soldats. Israël fut un de ceux qui se présentèrent. Trois jours après son départ de Boston, le brigantin fut pris parmi vaisseau anglais de vingt canons. Fait prisonnier avec le reste de l’équipage, Israël fut déposé à bord de la frégate le Tartare, qui reçut