— Je pense que dans deux ou trois jours je pourrai vous renvoyer en Angleterre avec de nouveaux papiers. Dans ce cas, vous aurez encore à faire un nouveau voyage, et alors nous verrons s’il y a moyen de vous renvoyer en Amérique.
Israël se répandit en expressions de reconnaissance que le docteur interrompit.
— On ne peut avoir trop de reconnaissance envers Dieu, mon ami ; mais notre reconnaissance envers les hommes doit être limitée. Un homme ne peut servir son semblable avec tant d’efficacité qu’on lui doive une reconnaissance sans bornes. Si je puis vous procurer le moyen de retourner en Amérique, je n’aurai fait qu’une partie de mon devoir, comme agent de notre commune patrie. Pour le quart d’heure, vous ne me devez rien que ces trois petites pièces d’argent que je viens de vous donner. Au lieu de me les rendre, lorsque vous serez de retour au pays, vous les donnerez à la première veuve de soldat que vous rencontrerez. Ne l’oubliez pas : c’est une dette. Ces trois petites pièces valent environ un quart de dollar en monnaie américaine, un quart de dollar, souvenez-vous-en bien. Dans les affaires d’argent, mon ami, soyez toujours exact : peu importe à qui vous deviez, parent ou étranger, paysan ou roi.
— Bien, docteur ; puisque l’exactitude en ces matières est si nécessaire, laissez-moi vous rendre l’argent. Grâce à mes amis de Brentford, j’en ai assez en ma possession pour pouvoir réparer le petit dommage que j’ai causé. Je n’avais pris cet argent que parce que je pensais qu’il ne serait pas bien de le refuser lorsque vous me l’offriez d’une manière si amicale.
— Mon honnête ami, dit le docteur, j’aime votre franchise. Je reprendrai l’argent.
— Sans intérêt, docteur, j’espère, dit Israël.
— Mon bon ami, ne vous permettez jamais de plaisanter en matière d’argent. Ne plaisantez jamais aux enterremens et pendant que vous faites des affaires. La question entre nous est une bagatelle, mais des principes importans peuvent être contenus dans des bagatelles. Allez sans retard régler vos comptes avec le décrotteur, et puis revenez immédiatement ici, où vous trouverez une chambre que vous habiterez pendant votre séjour à Paris.
— Mais j’aurais bien voulu jeter un coup d’œil sur la ville avant de retourner en Angleterre.
— Les affaires avant les plaisirs, mon ami. Il faut que vous restiez dans votre chambre comme si vous étiez mon prisonnier jusqu’à votre départ. Maintenant allez trouver le décrotteur. Attendez. Avez-vous la somme exacte que vous devez lui donner en petite monnaie ? Ne tirez pas tout votre argent de votre poche en pleine rue ; comptez