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de froid nous enseigne bientôt que l’état calorifique des corps change perpétuellement, et cet état, nous l’exprimons parle mot général de température. Seulement il arrive ici, — ce qui se présente dans presque toutes les questions, — que nous n’avons pas la connaissance intime des causes de nos impressions, et que nous ne pouvons les mesurer autrement que par les effets qu’elles développent. Nous ignorons absolument en quoi consiste l’état calorifique des corps ; mais nous voyons les variations qu’il subit déterminer dans un thermomètre des changemens de volume que nous pouvons apprécier : alors nous prenons l’effet pour mesurer la cause, et la température d’un corps à un moment donné s’exprime par la dilatation d’un thermomètre. Nous prenons comme terme de comparaison le degré thermométrique : c’est une unité convenue que nous avons choisie, comme celle de nos monnaies, de nos poids, de nos mesures, et qui varie même d’un pays à un autre. L’idée de température est ainsi devenue plus précise ; au lieu de représenter une qualité vague, elle s’est matérialisée dans un effet physique, et se mesure par les variations de cet effet. Toutefois ce qu’il ne faut point oublier, c’est que la température ainsi définie ne nous donne aucune notion sur la nature de la chaleur, sur la quantité que les corps en contiennent ; elle ne comporte, elle ne rappelle aucune connaissance théorique : elle n’exprime que la dilatation d’un thermomètre spécial.

Après avoir ainsi précisé la signification et la valeur des indications du thermomètre, nous devons faire remarquer que le choix qu’on a fait du mercure pour le construire ne se justifie que par des raisons de convenance pratique, mais que tous les liquides connus pourraient le remplacer dans le tube de verre. On comprend également que tous les corps de la nature, se dilatant par la chaleur, sont propres à devenir des thermomètres. On en peut faire et on en a fait avec des métaux, on peut en construire en mesurant la dilatation des gaz. Tous ces instruirons se graduent de la même manière, on les plonge alternativement dans la glace et dans l’eau bouillante, et les températures se mesurent par la dilatation de chacun d’eux. Si donc nous voulons comparer les indications qu’ils fourniraient dans des circonstances identiques, il suffira de comparer leurs dilatations, et c’est ce qu’ont fait Dulong et Petit. Ils reconnurent alors que ces appareils ne seraient pas d’accord, et pour ne citer qu’un exemple, nous dirons avec ces physiciens qu’au moment où l’air donnerait 300 degrés, le mercure indiquerait 320 et le fer 372 degrés. Nous arrivons ainsi à ces deux conséquences : la première, qu’on peut employer comme substance thermométrique un corps quelconque ; la deuxième, que la température mesurée, outre l’inconvénient d’être une donnée empirique, offrira celui d’être