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possibles, dans toutes les circonstances où on peut les mettre. Avant de rien entreprendre, Dulong et Petit firent le dénombrement complet de toutes les causes qui peuvent amener quelque variation dans la vitesse du refroidissement ; elles sont nombreuses. On voit quelquefois des laves volcaniques conserver une chaleur sensible plusieurs années après leur émission, tandis que les coulées de fonte sont froides au bout de, quelques heures. On sait que des vases de métal poli, remplis d’eau bouillante, se refroidissent plus lentement que lorsqu’ils sont rugueux et noircis ; on peut, en descendant du grand au petit, admettre que des thermomètres différens offriront à l’observateur attentif des vitesses inégales de refroidissement. Changez leur grosseur, leur forme, la nature du liquide qu’ils contiennent, ou bien la matière de leur enveloppe, ou seulement son degré de poli, et vous aurez autant de modifications de la loi que l’on cherche. Toutes ces influences, il faudra les reconnaître, les étudier, les mesurer, il faudra exprimer l’effet spécial occasionné par chacune d’elles. En supposant que nous observions toujours le même thermomètre, cet instrument pourra se trouver à des températures ou très élevées, ou moyennes, ou basses ; il sera placé au milieu d’une enceinte ou chaude ou froide ; à chaque moment, suivant que ces circonstances seront modifiées, la rapidité de la marche descendante du thermomètre se transformera. Il ne faut pas oublier, en dernier lieu, que les corps perdent une partie de leur chaleur statique en échauffant les gaz qui les enveloppent, et le pouvoir refroidissant de ces fluides ne restera pas le même, si leur nature, leur pression, leur température, éprouvent quelques changemens. En résumé, toutes les variations dans l’état du thermomètre, tous les changemens possibles dans leurs températures ou dans celles de l’enceinte, toutes les modifications imaginables dans les conditions des gaz qui les enveloppent, auront, dans la marche du refroidissement, une influence spéciale qu’il faut exprimer. On reconnaîtra qu’il fallait un certain degré d’audace pour continuer une étude dont on avait si bien mesuré la difficulté. On va voir cependant toute cette complication se réduire peu à peu.

Si le thermomètre était placé au milieu d’une enceinte absolument vide, il perdrait peu à peu la chaleur qu’il contient par le rayonnement direct ; mais dans le cas général il est entouré d’un gaz dont les molécules, agitées d’un mouvement continuel, arrivent froides sur sa surface et s’en éloignent chaudes, enlevant et transportant au loin une portion de la chaleur du thermomètre. Le refroidissement résulte ainsi de deux actions distinctes dont les effets se superposent ; il était indispensable de les étudier séparément, et nous allons indiquer le procédé ingénieux qui rendit cette étude possible.