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HIPPOCRATE


SA VIE ET SES ECRITS




LES ECOLES DE COS ET DE CNIDE. - LES ECOLES MODERNES.
I. Oeuvres complètes d’Hippocrate, par M. Littré, 8 vol. in-8o, Paris 1839-1853. — II. Oeuvres choisies d’Hippocrate, par le Dr Ch. Daremberg, 1 vol. in-8o, 1855.





L’histoire des sciences est plus inconnue que l’histoire politique des nations. Ce que les générations qui nous précédent ont pensé est plus ignoré que ce qu’elles ont fait. Il reste en effet de leurs théories moins de traces que de leurs actions, et l’on comprend qu’il soit difficile de se rendre un compte exact des opinions d’hommes séparés de nous par des milliers d’années, lorsque le langage, les habitudes de l’esprit, la forme et le fond des opinions, la manière même de penser, changent presque une fois par siècle. Il est curieux cependant de rechercher ce que l’on savait dans l’antiquité sur toutes les parties de la science, mais principalement sur celles qui sont encore un peu obscures. Ce n’est pas d’ailleurs un travail stérile. Les anciens n’avaient pas l’esprit scientifique, mais leur génie philosophique entrevoyait la vérité et devançait la preuve rigoureuse. Si leurs opinions étaient des pressentimens plutôt que des théorèmes, c’étaient des pressentimens justes, et il est telle science où la justesse du coup d’œil, l’habileté dans l’art de prévoir, sont peut-être plus utiles que la dextérité de l’expérimentateur, la logique et la certitude des déductions. La médecine est encore à peine une science ; elle comporte peu de règles précises, c’est un art peu certain