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Articulations démontre les analogies et les différences de la clavicule chez l’homme et chez le singe, etc. Toujours Hippocrate et les médecins de son école proclament l’utilité de l’anatomie. Le commencement de la médecine est la connaissance du corps, dit l’auteur du traité des Lieux dans l’homme. On n’a pas trouvé, il est vrai, d’ouvrages élémentaires sur l’anatomie, et celui de la collection qui porte ce nom n’est qu’une énumération très courte de quelques-unes des parties que renferme le corps ; mais les anciens avaient peu l’habitude de faire des traités élémentaires. On n’en a, je crois, retrouvé aucun, pas même ceux qui servaient à enseigner la lecture aux enfans. On n’apprenait les élémens que par des leçons orales. M. Daremberg a démontré sans doute par des expériences ingénieuses que Galien ne disséquait que des singes, mais il serait difficile, je crois, de prouver la même chose d’Hippocrate.

On peut objecter que si les anciens avaient disséqué, ils n’auraient pas mêlé à quelques idées justes cette foule innombrable de conjectures et d’hypothèses qui déparent leurs ouvrages. Si les anciens médecins avaient jamais ouvert un cadavre, comment auraient-ils si longtemps discuté pour savoir si les artères contiennent de l’air ou du sang ? Hippocrate croit que les nerfs, comme les tendons, servent à rattacher les muscles aux os. Les médecins mettaient l’origine des vaisseaux sanguins tantôt dans le foie avec Galien, tantôt dans le cerveau avec Aristote, tantôt dans le poumon, le ventre, les méninges, etc. Quelques-uns avaient pensé que ces vaisseaux forment un circuit et n’ont point d’origine ; mais jusqu’à Harvey leur théorie avait été victorieusement réfutée. Il semble que la plus simple observation aurait dû rectifier toutes ces erreurs ; cependant il suffit d’avoir un peu disséqué pour voir combien il est difficile de sa faire une idée juste de la situation des organes et de leurs relations. Tout parait confus et mêlé, surtout lorsque les vaisseaux ne sont pas injectés, et l’injection n’a été découverte que par Graaf et Ruysch. Cette science, qui parait si précise, a donc été longtemps la plus conjecturale de toutes. Une foule de détails sont restés inconnus, même lorsqu’aucune considération ne s’opposait aux expériences. Les vaisseaux lymphatiques, qui parcourent le corps tout entier, n’ont été découverts qu’au XVIIe siècle par Aselli. Chaque jour, on trouve de nouvelles veines, des glandes inconnues, et on s’étonne de ne les avoir pas aperçues plus tôt. Aujourd’hui encore bien des détails sont incertains, et bien des discussions s’élèvent sur des points que les personnes étrangères à la science pourraient croire faciles à vérifier.

La physiologie est intimement liée à l’anatomie, et l’on conçoit que chez les anciens elle ne fût pas non plus fort avancée. Toute la partie de cette science qui s’occupe des organes et de leurs fonctions repose sur des notions très exactes de la situation des parties du