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LE
ROMAN RELIGIEUX
EN ANGLETERRE


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The Heir of Redclyffe, 1 vol. in-8o, London 1854 ; — Heartsease or the rother’s wife, 2 vol. in-12 ; London 1855, John Parker. — The Warden, by Anthony Trollope, 1 vol. in-8o ; London 1855, Longman.


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Ce qui a caractérisé de tout temps la civilisation anglaise, c’est d’avoir su agir prudemment avec l’esprit du passé, d’avoir su ne pas l’effaroucher, ruser avec lui au besoin, et lui arracher une conquête bien réelle au prix de quelque satisfaction insignifiante ou même puérile : par exemple, une liberté en échange de la conservation d’un vain cérémonial, ou la sanction d’une charte en échange de la conservation de privilèges que cette charte allait réduire à l’impuissance. C’est ainsi que l’aristocratie a procédé vis-à-vis de la royauté, maintenant au roi son prestige antique, son antique garde-robe, sa couronne féodale, et faisant passer entre ses mains à elle le pouvoir réel et l’exercice du pouvoir. C’est ainsi que la chambre des communes a procédé vis-à-vis de la chambre des lords, qui était au dernier siècle encore une si grande institution, qui dominait les autres corps de l’état de toute la puissance de ses privilèges immuables, de ses droits sans contrôle et de sa sécurité aristocratique. La noble chambre est restée debout, mais elle a dû abandonner aux communes l’initiative politique et la meilleure part du pouvoir législatif. C’est ainsi encore que l’esprit protestant a jeté en Angleterre des fondemens indéracinables en acceptant une église à demi réformée,