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EXPOSITION


DES BEAUX-ARTS





L’ÉCOLE ALLEMANDE





Ce qui domine dans l’école allemande, c’est la pensée. Aussi, parmi les écoles européennes, il n’y en a pas une qui soulève un plus grand nombre de questions. Ce n’est pas que je la préfère à toutes les autres ; mais, pour être juste, je suis forcé de reconnaître que nulle part la pensée, prise en elle-même, ne s’impose avec plus d’autorité aux arts plastiques. Ceci posé, il me sera permis d’ajouter que cette tendance, excellente lorsqu’elle est contenue dans de certaines limites, dénature souvent le but que doivent se proposer la peinture et la statuaire. Assurément je n’entends pas proscrire la pratique habituelle de la réflexion parmi ceux qui cherchent l’expression de la beauté : je professe pour les théories d’esthétique un profond respect ; mais je crois que l’étude assidue de ces théories présente pour les peintres et les sculpteurs un très grand danger. À force de savoir ce qu’ils veulent faire, ils arrivent trop facilement à croire que tout le monde possède, comme eux, le secret de leur volonté. Pleins de confiance dans l’excellence de leurs intentions, ils ne prennent pas assez de souci de la forme. Ce qu’ils rêvent, ce qu’ils imaginent, nous ravirait en extase, s’ils réussissaient à le réaliser. Ce qu’ils nous montrent est bien rarement l’image fidèle de la