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L’APOLOGUE
DANS LA SOCIÉTÉ HINDOUE


Hitopadésa ou l’Instruction utile, recueil d’apologues et de contes, traduction française par M. E. Lancereau.[1]

Le langage figuré est naturel aux Orientaux. Tous les peuples de l’Asie l’ont employé comme étant le plus favorable à l’expression d’une vérité pratique ; on peut même avancer, sans courir le risque d’être contredit, que les apologues les plus populaires en Europe appartiennent au vieux fonds de l’antique sagesse. Ce vieux fonds, on le retrouve presque en entier dans un recueil de fables récemment traduit du sanskrit, — l’Hitopadésa, — non à l’état primitif et rudimentaire, mais sous la forme de contes charmans, tour à tour naïfs et satiriques, légers et sérieux. La littérature indienne était à son apogée et presque sur son déclin lorsque ce recueil fut rédigé, et l’art s’y montre partout ; mais comme l’apologue prend son sujet dans la nature, comme il exprime des sentimens éternellement vrais, comme il se plaît à mettre en scène les animaux, dont l’instinct et les mœurs ne se modifient jamais, il conserve sa fraîcheur et sa grâce jusque sous les ornemens empruntés que lui imposent parfois le génie de certains peuples et la fantaisie des poètes. Bien qu’il soit écrit avec une élégance qui n’est pas exempte de recherche, l’Hitopadésa a de la simplicité à sa manière ; il se distingue surtout par son originalité, et

  1. Un vol. in-12, Bibliothèque Elzevirienne, chez Jannet.