PEINTRE HAYDON
Une étrange et triste carrière, débutant à dix-huit ans par l’enthousiasme et finissant à soixante par le suicide, a été récemment dévoilée au public anglais dans la Vie de Haydon, peintre d’histoire. Bien qu’à peine connu en France, cet artiste avait, pendant plus de quarante années, tenu l’attention de son pays fixée sur lui, non-seulement par ses nombreux tableaux, mais encore par le rôle qu’il joua dans diverses questions plus ou moins relatives à sa profession, et plus particulièrement par des articles insérés dans les journaux du temps et par des cours publics sur l’art. Les trois volumes qui nous déroulent cette existence si affairée ont été compilés en grande partie d’après les propres manuscrits du peintre, qui eux-mêmes ne représentent pas une faible somme de travail, car, outre plusieurs recueils de notes rédigés sous forme de journal, ils embrassent une autobiographie qui à elle seule emplit vingt-sept in-folio. Une infatigable activité, unie à l’exaltation d’un martyr, lui donna la force d’accomplir cet immense labeur, et plus d’une fois, dans son impétuosité, Haydon parut sur le point d’atteindre au but de ses plus hautes ambitions ; mais en définitive il n’arriva pas. Malgré cette puissante énergie et malgré d’autres qualités qui n’étaient pas vulgaires, l’histoire de sa vie n’est que l’histoire d’une défaite, d’une lutte obstinée et douloureuse, qu’il ne sera pas sans intérêt, ce nous semble, de suivre dans