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Correspondance.
à monsieur le directeur de la revue des deux mondes.
Monsieur,

Je lis dans le n° du 15 novembre de la Revue des Deux Mondes un article intitulé l’Orfèvrerie à l’Exposition et signé Gustave Planche. Cet article contient sur Froment Meurice, mon frère, mort depuis quelques mois à peine, des allégations de fait qui veulent un démenti. Je laisse entièrement de côté, dans les pages de M. Planche, les critiques qui pourraient toucher le talent de l’artiste chez mon frère ; mais c’est mon devoir et par conséquent mon droit de relever les attaques qui voudraient atteindre le caractère de l’homme.

M. Planche reproche à M. Froment Meurice « d’avoir signé de son nom des châtelaines, des agrafes, des salières élégantes, quand les gens du métier savent très bien que ces pièces d’orfèvrerie n’ont été ni conçues ni exécutées par lui. » — Je vous adresse, monsieur le directeur, les extraits des rapports des jurys de 1844, 1849 et 1851. ils constateront suffisamment dans les pièces exposées par Froment Meurice la part d’invention ou d’exécution qui lui revient, et je n’ai pas à insister sur ce point ; mais M. Planche ajoute :

« Qu’un fabricant bien achalandé néglige de nommer les artistes qu’il emploie, qui sont la source de sa richesse, je ne l’approuverai pas ; qu’il se laisse donner pour l’auteur des œuvres qui ne sont pas sorties de ses mains, c’est un tort plus grave encore, et qui doit être plus sévèrement qualifié. J’aime à croire que le fils de M. Froment Meurice suivra une autre méthode pour établir sa réputation. »

Je laisserai encore les faits, les documens officiels répondre à M. Planche pour mon frère mort. Je cite le rapport du jury de 1849 :

« Comme tous les hommes d’un vrai mérite, M. Froment Meurice s’attache avec scrupule à faire ressortir les services rendus par les collaborateurs qu’il a su s’adjoindre, peintres, sculpteurs, ciseleurs, ouvriers habiles. Il a toujours eu soin, pour chacune des pièces remarquables de son exposition, d’indiquer ceux qui l’avaient secondé. C’est ainsi que sans parler des artistes dont nous avons déjà signalé les noms (MM. Pradier, Feuchères, Klagmann, Cavelier, Rouillard, Justin, etc.), M. Froment Meurice a particulièrement insisté sur le mérite de ses deux contre-maîtres, MM. Baheur et Visset, ainsi que sur celui de MM. Frémonteil et Crosville, tous deux ses anciens apprentis… Les quatre ciseleurs qui ont exécuté les figures en repoussé du groupe de M. de Luynes sont MM. Muleret, A. Daubergue, Fannière et Poux… M. Sollier, émailleur, a fait preuve du plus grand talent. Enfin M. Froment Meurice a payé un tribut de reconnaissance au dessinateur-sculpteur dont l’expérience et le goût ont contribué à placer son atelier à un rang si élevé, à M. Liénard, un des artistes qui ont le plus fait pour la splendeur de notre industrie. » (Tome III, pag. 315 et 316.)

M. de Luynes, rapporteur à l’exposition universelle de Londres en 1851, tout en nommant spécialement Froment Meurice quand il a lui-même composé une pièce, cite de même non-seulement les sculpteurs qui ont modelé