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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 12.djvu/1212

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étaient seuls résolus à lutter jusqu’à la dernière extrémité. Omer-Pacha comprit qu’il ne fallait laisser aucun repos aux fugitifs. Il atteignit les insurgés près de Catarsko, les repoussa sur Dervent, les battit de nouveau et marcha sur Tousla, où Mustahi, disait-on, voulait encore résister ; mais à Tousla même on trouva la population décidée à se soumettre, et Omer-Pacha put retourner à Serajevo, où, au début des opérations, s’était manifestée une agitation qui avait fait place, dès la prise de Vranduk, à un morne abattement. Dans l’Herzégovine aussi, la nouvelle des victoires d’Omer-Pacha avait délivré un de ses lieutenans, Ibrahim-Pacha, assiégé par un corps de rebelles, et l’avantage restait ainsi aux Turcs sur tous les points.

Ce fut le 4 décembre 1850 qu’Omer-Pacha fit sa rentrée à Serajevo. Il y trouva l’administration civile et militaire dans le plus triste désordre. En attendant l’arrivée de Haïreddin-Pacha, successeur d’Hafiz-Pacha, le commandant en chef restait chargé de la surveillance des affaires civiles. Le mejlis, profitant de son absence, avait agi selon son bon plaisir. Omer-Pacha reçut des plaintes contre les abus nombreux commis surtout à l’égard des chrétiens, qui avaient compté sur la loyauté du commandant en chef. Le général, qui attendait de jour en jour le nouveau gouverneur, qui ne voulait pas non plus se faire un ennemi du mejlis, employa des palliatifs qui, on peut bien se l’imaginer, n’offraient aucune garantie pour l’avenir. Il destitua quelques employés prévaricateurs et en nomma provisoirement d’autres. Les désordres militaires parurent le toucher davantage. Omer-Pacha se fit donner des éclaircissemens sur la conduite d’Abdi-Pacha, qui avait mal secondé ses opérations pendant sa campagne contre Mustahi, et il fut assez heureux pour se procurer la preuve qu’une correspondance intime et suivie existait entre Abdi-Pacha, Ali-Pacha Stolatchovitz et les insurgés de la Craïne. Omer-Pacha renvoya Abdi-Pacha et Ali-bey, un de ses officiers, devant un conseil de guerre, après les avoir tous deux destitués provisoirement de leurs fonctions. Il attendit ensuite les décisions du cabinet de Constantinople à leur égard. De leur côté, Abdi-Pacha et Ali-bey ne restèrent point inactifs. Le ministère de la guerre maintint Abdi-Pacha dans son grade de férik (général de division), en le déplaçant simplement de la Bosnie pour l’envoyer à Monastir. Ali-bey reçut l’ordre de quitter le service militaire et le conseil de demander un emploi civil : il suivit ce conseil, donna sa démission, et sollicita la place de pacha civil. Cette démarche fut couronnée d’un plein succès, et quatre mois plus tard il fut nommé gouverneur civil de Travnik, où il avait été en garnison comme colonel. Au départ d’Abdi-Pacha pour la Roumélie, Omer-Pacha fut obligé de lui rendre les honneurs dus à son rang, et