dans la Néerlande, ainsi qu’on peut s’en convaincre par des chiffres. Elle était de 22,275,623 tonnes en 1834, et de 38,943,630 en 1852. Ces chiffres suffisent pour démontrer l’importance des travaux qui se rapportent aux tourbières. Ces travaux sont intéressans à trois points de vue différens. L’économiste aime à suivre l’extraction de la tourbe, la préparation et l’exploitation, les usages industriels et domestiques de ce combustible, les rapports des tourbières avec l’agriculture. Le géologue recherche d’un œil curieux l’origine de la tourbe, la formation de ce terrain récent, la monographie des couches dans lesquelles reposent les ouvrages de l’homme. Enfin le voyageur moraliste doit reconnaître que cette industrie a donné quelques traits singuliers à la population des provinces sur lesquelles les tourbières se rencontrent maintenant en plus grande abondance, la Frise, la Groningue, la Drenthe et l’Overyssel. Les mœurs des habitans de ces provinces, et en particulier la vie des ouvriers qui travaillent aux tourbes, tout cela vaut bien la peine qu’on s’y arrête. Nous allons suivre la trace de ces différens ordres de faits économiques, scientifiques et moraux sur le sol de la Néerlande.
Le travail de la tourbe varie avec la nature des tourbières. On peut établir entre elles deux grandes divisions, suivant qu’elles sont hautes ou basses. C’est d’abord sur les tourbières hautes (hooge veenen) que doit se porter l’attention.
Assen est une ville ouverte, bien neuve, bien tranquille, bien éclairée, où siègent les états provinciaux de la Drenthe, où demeure un monde officiel d’employés et de magistrats, où de jolies maisons, posées ça et là, comme pour leur plaisir particulier, semblent peu soucieuses de former des rues, où des quinconces d’arbres, des nappes de sable, des tapis de gazon, des espèces de squares anglais, relient par un trait d’union de verdure le palais de justice, l’hôtel-de-ville, le temple des réformés. Tout près de là s’élèvent de charmantes habitations rurales, et à côté de ces maisons de campagne s’étendent des jardins ou des prairies qui, il y a un quart de siècle, étaient des tourbières. Un grand nombre de ces tourbières sont encore en exploitation ; elles communiquent, par des canaux particuliers, avec un canal central qui joint la ville d’Assen à celle de Mepel, et sur lequel se gonflent les voiles de lourds bateaux qui transportent la tourbe. Situées au milieu de véritables steppes où croissent la bruyère et d’autres plantes sauvages, les tourbières hautes, — nom qu’elles doivent à leur position plus élevée et à leur nature relativement sèche, — constituent la principale, et l’on pourrait