de même jusqu’au jugement dernier ; la France n’y changera rien, ni loi non plus ; salut, salut.
Le maire Tirait fit entendre raison au terrailler. On se serra la main, mais la mauvaise impression était reçue, les tragédiens reprirent leurs fusils et sortirent de la Pioline.
Sur un signe de Lucien, le laquais galonné courut alors à l’écurie. — C’est une trahison, dit le lieutenant en voyant arriver les chevaux équipés. — Lucien demanda la permission de se retirer. — Ni ce soir, ni demain, dit M. Cazalis. La chambre bleue est préparée depuis ce matin ; nous vous gardons toute la semaine. Quand je devrais couper les jarrets à votre beau cheval, vous nous resterez.
— Oui, oui, dit Tirart, je le veux.
— Monsieur Cazalis, dit Lucien, je suis attendu ce soir à Vaison, les chemins sont très mauvais, et je tiendrais à me trouver dans la plaine avant la nuit. Mon oncle vous dira que j’ai rendez-vous à Vaison avec lord Henswood, mon compagnon de voyage ; demain, à l’aube, nous recommençons les fouilles ; nous avons déjà découvert une tombe romaine.
— Certainement, certainement, dit le maire.
— A une seule condition, dit le lieutenant, c’est que vous nous reviendrez, la semaine prochaine, à pareil jour, et vous retrouverez ici tous nos amis. Est-ce entendu ?
— J’allais vous en demander la permission, répondit Lucien. Il ajouta quelques paroles très courtoises, et vint prendre congé de tous les hôtes de la Pioline. Après avoir baisé la main de Mlle Blandine, il sauta en selle et partit au galop.
— A la semaine prochaine ! lui cria de loin M. Cazalis.
Lucien était à l’extrémité de l’allée ; il fit cabrer son cheval et salua une dernière fois, en agitant son chapeau.
— Vous l’aurez mort ou vivant, dit le maire.