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des programmes et indiqué des modes d’exécution. Il y aurait injustice à méconnaître l’autorité de ses conseils. Si la discussion publique, au sein des deux réunions, a paru trop écourtée, Les travaux intérieurs des comités et la préparation du rapport, rédigé par M. Block, attestent des études approfondies. Il faut toutefois examiner si les plans proposés sont de nature à doter chaque pays d’une statistique agricole.

D’après le programme, on procéderait à un recensement annuel et à un recensement décennal. On doit tous les ans connaître la superficie consacrée aux diverses cultures (céréales de chaque espèce, fourrages, vignes, légumes, plantes textiles, graines oléagineuses, etc.), apprécier la quantité et la valeur moyenne de produits récoltés sur ces superficies, recenser les bestiaux, constater l’emploi des machines, les perfectionnemens introduits dans les engrais et pour l’irrigation, etc. La statistique décennale doit, indépendamment des renseignemens annuels, embrasser dans ses recherches une étude approfondie de la condition des travailleurs agricoles et des faits économiques de toute nature qui peuvent influer sur les progrès de la production. « Il n’est pas douteux, a-t-on dit dans la note qui a servi de base aux délibérations du congrès, que les dimensions de ce cadre peuvent encore être élargies; mais il y aurait lieu de craindre qu’en donnant aux enquêtes agricoles une trop grande étendue, on ne finit par en compromettre le succès, soit en imposant aux recenseurs une tâche excessive, soit en inquiétant les populations. » Cette appréhension est très fondée, et on se demande comment, même avec le programme réduit aux proportions qu’on lui a laissées, les recenseurs pourront se tirer d’affaire. Mais à quels agens le congrès propose-t-il de confier le travail de la statistique agricole? — En principe, à des commissions gratuites dans chaque circonscription, et subsidiairement, si ces commissions fonctionnent mal, à des agens salariés par l’état. — Voilà le programme et le mode d’exécution.

Le système qui consiste à créer des comités locaux pour la réunion gratuite des documens statistiques a été institué en France par le décret du 1er juillet 1852. Il existe, en effet, aux termes de ce décret, une commission permanente de statistique au chef-lieu de chaque canton. Cette commission se compose des principaux fonctionnaires et des habitans notables; elle doit tenir à jour les travaux statistiques d’après un questionnaire qui a été rédigé par le ministère de l’agriculture et du commerce Ses réponses sont transmises au sous-préfet, puis au préfet, puis au ministère qui centralise l’ensemble du travail. Préalablement, elles ont été placées sous les yeux du public par un dépôt des pièces dans la salle de la mairie, et soumises à l’appréciation de la chambre consultative d’agriculture de chaque arrondissement, quand il s’agit de statistique agricole. Avec ce mode, on peut dire que la France entière travaille à la statistique, et le contrôle apparaît à chaque pas. Le décret du 1er juillet 1852 est en vigueur depuis trois ans. Le congrès n’a pas été mis en mesure d’apprécier les résultats qu’il a produits; mais on peut, sans trop de hardiesse, supposer que si la statistique agricole, recueillie comme il a été dit plus haut, est une statistique gratuite et très dévouée, elle ne doit pas être une statistique fort exacte. Bien que l’administration, éclairée par l’expérience, ait eu le soin de restreindre ses questionnaires primitifs, ceux-ci présentent encore trop de complication. Est-il admissible que