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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 12.djvu/223

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cadres, afin d’obtenir pour tous les pays des renseignemens complets. Ces travaux, résumés dans des notes et dans des rapports dont une grande partie a été déjà publiée, seront lus avec profit; on remarquera cependant que dans la pratique les plans dont ils conseillent l’adoption sont encore très compliqués. Si. l’on tient à posséder des informations exactes, il faut bien se garder d’en trop demander. Assurément, il serait très désirable que des chiffres vrais pussent venir se poser dans les longues colonnes que l’on érige à la statistique de chaque science ou de chaque industrie; mais n’est-on pas suffisamment édifié sur l’abus de ces divisions et classifications multiples, qui, surtout dans les grands pays, ont produit des résultats si contestables? Il ne serait pas téméraire de prétendre que les membres les plus experts du congrès se trouveraient fort embarrassés, s’ils étaient condamnés à fournir, même pour la circonscription la plus restreinte, les observations détaillées qui figurent dans la plupart des programmes. Il vaut mieux recueillir peu de renseignemens avec la certitude qu’ils seront exacts que d’en recueillir un grand nombre avec la chance qu’ils soient faux. Cela est vrai surtout quand il s’agit d’une statistique comparée, qui doit être faite dans des régions différentes, et par conséquent à l’aide de procédés différens et au milieu de populations qui n’ont ni les mêmes lois, ni les mêmes mœurs, ni les mêmes habitudes.

Lorsque la statistique s’applique à des matières directement sujettes à l’impôt ou régies par des lois spéciales, il est possible et souvent même facile de l’extraire des documens administratifs. Ainsi, pour ne citer qu’un exemple, la statistique des importations est généralement exacte, au moins en ce qui concerne les principaux articles de consommation, parce qu’elle repose sur la perception d’un droit de douane; celle des exportations présente moins de garantie, parce que les taxes n’existent pas ou sont très minimes à la sortie, et que par suite la vérification des marchandises est moins rigoureuse. Le fisc dans tous les pays est un excellent statisticien, et l’on peut se fier à ses chiffres; mais en dehors de la catégorie de faits, assez nombreuse d’ailleurs, qui est soumise à l’inflexible règle de l’impôt et qui se prête à des comparaisons aisées, il y a une infinité de faits qui se développent sans contrôle et qu’il n’est pas moins essentiel de constater : tels sont ceux qui se rattachent au commerce intérieur, à l’industrie, à l’agriculture, c’est-à-dire aux grands phénomènes de la production et de la consommation. La statistique aspire avec raison à pénétrer et à voir clair dans ce vaste domaine; mais comment pourra-t-elle s’y reconnaître et obtenir des résultats, sinon tout à fait exacts (ce serait trop exiger), du moins approximatifs? Les difficultés abondent; il faut cependant les affronter bravement. Il est du devoir et de l’intérêt des gouvernemens d’encourager, de protéger les patientes recherches qui, si elles sont bien dirigées, fourniront la solution des plus graves problèmes économiques dont se préoccupe et s’inquiète même le temps présent.

Prenons la statistique agricole. C’est à coup sûr la plus difficile de toutes. Recenser la production du sol, mesurer l’étendue des cultures, évaluer les récoltes, dénombrer les têtes de bétail, opérer ces calculs dans toutes les parties d’un vaste territoire, telle est la tâche à accomplir. Le congrès, à Bruxelles et à Paris, s’y est appliqué avec le zèle le plus louable. Il a rédigé