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combiner quelques idées qu’on vous présente, de les faire entendre d’abord isolément en les développant, et puis de les réunir dans un contre-point final. C’est L’œuvre d’un virtuose et d’un harmonise exercé. M. Stein a montré de la facilité dans ce genre, beaucoup trop vanté en Allemagne. Une autre pianiste, Mme Pleyel, a eu le courage de venir affronter l’indifférence du public pour toute autre distraction que celle qu’il trouve à l’exposition universelle. La célèbre virtuose s’est fait entendre deux fois dans la salle de M. Herz sur un piano magnifique, mais ce n’est pas, — il faut le dire, et nous notons le fait sans y insister, — ce n’est pas sa toilette élégante et printanière, ni son beau talent qui ont le plus étonné les auditeurs peu nombreux venus pour assister à ces deux séances.

On sait qu’il existe en Allemagne et dans la Belgique un grand nombre de sociétés chantantes. La plus célèbre de ces réunions chorales est celle de Cologne, qui a été fondée en 1842 par M. Frantz Weber. Riche d’une nombreux répertoire qu’elle a fait entendre tour à tour à Gand, à Bruxelles, à Düsseldorf et à Anvers, la société chorale de Cologne, après avoir visité l’Angleterre, où elle a obtenu un très grand succès, nous est apparue récemment à Paris et s’est produite dans plusieurs séances qu’elle a données dans la salle de M. Herz et dans une représentation extraordinaire à l’Opéra. Il serait difficile d’entendre quelque chose de plus parfait comme ensemble. Composé de soixante dix à quatre-vingts voix d’hommes, ce chœur manœuvre comme un bataillon bien discipliné, avec une précision de rhythme et une justesse d’intonation merveilleuses. Cette extrême précision et cette justesse, qui semblent moins le résultat de l’art que celui d’une machine bien organisée, finissent à la longue par devenir monotones et produisent la satiété. Parmi les morceaux chantés par la société chorale de Cologne, nous avons remarqué un chœur de Kücken, les Jeunes Virtuoses ; un autre de Reicher, Spaniche canzonetta, et un très beau nocturne concertant de Mendelssohn, Sur l’eau, paroles de M. Henri Heine. Le succès qu’a obtenu la société chorale de Cologne eût été plus grand et plus fructueux pour l’entrepreneur M. Mitchell de Londres, si on avait pu encadrer ces chœurs, toujours sans accompagnement, dans un programme de concert plus varié.

Claudite jam rivos, pueri : sat prata binerunt.

P. SCUDO.


REVUE LITTERAIRE.

L’ESPAGNE MODERNE, par M. Charles de Mazade[1]. — Nos lecteurs reconnaîtront dans ce livre une suite d’études qu’ils ont remarquées dans la Revue[2].

  1. Un volume in-18, chez Michel Lévy frères, rue Vivienne.
  2. Voyez particulièrement Larra (15 janvier 1848), Donoso Cortés (1er juillet 1850), le général Narvaez (1er février 1851), don Jaime Balmès (15 octobre 1853).