Plus d’une fois depuis deux ans le souvenir de 1812 a été évoqué dans le nord de l’Europe avec des sentimens bien divers. Si la Russie l’a réveillé comme une menace à l’Occident, la Suède, en reportant, elle aussi, son attention vers cette date fatale, a voulu soumettre à un examen sévère les actes mémorables qui entraînèrent à cette époque dans des voies si nouvelles la politique du pays de Charles XII. D’une part il y a en Suède des sympathies nombreuses et sincères pour la cause des puissances occidentales[2], de l’autre il y a des gens qui soutiennent que l’alliance naturelle pour la Suède est celle de la Russie, — que la possession de la Finlande, de la Poméranie et des provinces baltiques lui était et lui serait encore une robe de Nessus, — que la Russie, en lui procurant la Norvège après l’avoir dépouillée à l’est pour établir ses canons à vingt lieues de Stockholm, lui a rendu l’indépendance et la vie. La politique