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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 12.djvu/747

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centre, nous avons un résumé de l’histoire universelle, tous les grands hommes, depuis Moïse jusqu’à nos jours. La Science et les quatre parties du monde sont mieux rendues que la procession des grands hommes, ce qui n’étonnera personne, car dans la partie centrale les figures sont trop nombreuses et trop pressées pour que la physionomie de chaque personnage se distingue nettement. Les figures du faîte pourraient avoir plus d’élégance ; elles sont du moins sculptées avec adresse. Le bois choisi par M. Weber est le noyer, qui ne se prête pas à la sculpture aussi facilement que le poirier, mais dont il a su pourtant tirer un excellent parti.

L’association des ouvriers ébénistes du faubourg Saint-Antoine a exposé, comme le fabricant dont je viens de m’occuper, un bureau-bibliothèque, beaucoup moins orné et cependant très digne d’étude. Il n’y a de figures que dans la partie inférieure ; toute la partie supérieure est nue. La sculpture est de bon goût et sans prétention ; on y reconnaît une main habile. Je regrette que le profil du meuble n’en désigne pas plus clairement la destination. La disposition des masses est celle d’un buffet d’orgue. Choisi par les ouvriers associés, le palissandre présentait à l’outil des difficultés dont ils ont heureusement triomphé. Cet ouvrage mérite les encouragemens des connaisseurs. J’espère que les auteurs, lorsqu’ils entreprendront un meuble de cette importance, tiendront compte de l’aspect, car dans l’ébénisterie la plus riche, comme dans l’architecture la plus élégante, il faut toujours que la forme exprime la destination.

Les meubles de Tahan, qui s’adressent aux favoris de la fortune, et dont les prix atteignent des proportions fabuleuses, sont très loin, à mon avis, de mériter une aussi sérieuse attention que les deux meubles dont je viens de parler. Les coffrets dans le goût de Boule sont d’une exécution très satisfaisante, mais le petit bureau dans le style Louis XVI ne justifie pas la réputation de l’auteur présumé. Je n’ai rien à dire des panneaux en bois de rose, ni des cuivres dorés qui encadrent le meuble. Quant aux médaillons placés au-dessus du bureau, non-seulement ils sont dessinés faiblement, mais ils ne rappellent que d’une manière assez infidèle l’époque désignée par le choix du bois et le style de l’ornementation. On croit vraiment rêver en lisant le prix attribué à ce colifichet. J’estimerais beaucoup plus haut le bureau sculpté à jour dans les ateliers de M. Tahan. L’ouvrier inconnu qui a taillé dans le poirier ces feuilles et ces fruits serait capable d’exécuter des ouvrages pleins d’élégance et de pureté. Il suffirait qu’il fût guidé par un artiste habile. Malheureusement cette main si adroite n’avait pas de modèle à suivre. Toutefois le caprice fait de ce petit bureau un véritable bijou. Il n’y a pas de figures, il n’y a rien qui puisse intéresser la pensée, et