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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 9.djvu/1067

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situation du pays. La population de la Bohême et de la Moravie est de 6,260,000 habitans[1]. Ces deux provinces contribuent au commerce extérieur de l’Autriche pour une somme de 117 millions de francs (importations et exportations réunies) dans un tableau qui remonte déjà à dix ans. Ajoutez à cela un trafic intérieur très considérable, quand il ne serait alimenté que par le transport des charbons. La production houillère en Autriche est augmentée depuis trente ans dans la proportion de 1 à 8. Dès l’année 1848, elle fournissait 900,000 tonnes métriques, sans compter la Hongrie, dont l’exploitation fort imparfaite n’était pas constatée. Or, dans cette quantité, la Bohême, la Silésie autrichienne et la Moravie, c’est-à-dire les houillères sur la surface desquelles le chemin du Nord est construit, fournissent 660,000 tonnes, près des trois quarts.

Tout porte à croire que le trafic augmentera sur le chemin bohémien, et que les frais d’exploitation pourront être considérablement réduits. Dans ce pays, où les combustibles minéraux sont accumulés sous toutes les formes, on chauffe assez souvent au bois les machines des locomotives. On donnait pour motif à cette coutume que les charbons du pays sont ordinairement des lignites impropres à la fabrication du coke, et que l’usage du charbon cru, obstruant les tubes, ralentit la vaporisation, détériore rapidement les machines, et présente même quelques dangers. L’appauvrissement des forêts était à craindre, et il aurait fini par rendre le service des chemins de fer très dispendieux. Sans s’arrêter aux objections de la routine, le gouvernement autrichien chargea une commission scientifique d’étudier comparativement les effets des diverses matières employées au chauffage des locomotives. Les expériences faites en 1850 ont été satisfaisantes[2] : on a constaté qu’avec quelques précautions faciles à observer, la substitution de la houille et du lignite au coke n’entraînait aucune modification dans le système intérieur des machines. S’il en est ainsi, la société aura des ressources en combustible qui abaisseront considérablement ses frais. On sait qu’au nombre des domaines dont l’acquisition est comprise dans son marché se trouvent la mine de lignite de Sobochlelen, près de Toëplitz, vers la frontière saxonne, et les mines de houille de Kladno et de Brandeisel, à proximité de Prague, d’une superficie d’environ 16 kilomètres carrés en exploitation, offrant, dit-on, des masses considérables de marchandises sur le carreau, et réunies à la ligne du Nord par un chemin de fer à

  1. Les faits industriels et commerciaux relatés ici sont empruntés en grande partie aux documens que publie le ministère du commerce sous le titre d’Annales du Commerce extérieur. — Voir, pour la Bohême, les no 8, 10 et 11 de l’Autriche.
  2. Elles sont analysées par un ingénieur français, M : Couche, dans les Annales des Mines, 4e série, tome XIX.