l’alcool le plus limpide. Cela posé, voici comment je procéderais pour cristalliser le carbone. Je remplirais une forte bouteille en fer avec ce liquide, et, après l’avoir bien bouchée à vis, je la placerais dans une étuve à 2 ou 500 degrés. Alors probablement le fer de la bouteille et le soufre du liquide réagiraient l’un sur l’autre. Or le soufre, quittant le charbon pour s’unir au fer, laisserait libre le charbon, qui pourrait ainsi cristalliser.
Au reste je ne donne ce projet d’expérience que pour faire comprendre le jeu des actions chimiques. C’est ainsi que lorsque l’on plonge dans une dissolution saline un corps qui prend l’eau à l’exclusion du sel, celui-ci cristallise sur le corps qui lui enlève l’eau. En serait-il de même du carbone, et cristalliserait-il sur le fer qui lui enlèverait le soufre ? Il faut que ceux qui seraient tentés de faire des expériences de chaleur sur les liquides renfermés dans des espaces très bien clos soient bien prévenus que dans cet espace la vapeur du liquide chauffé acquiert une grande force élastique qui peut briser l’enveloppe de fer, surtout si celle-ci a été affaiblie par faction du soufre. Plusieurs alchimistes se sont tués en chauffant à outrance du mercure dans des vases de fer. La vapeur du mercure faisait crever le fer, dont les éclats produisaient l’effet de la bombe. J’ai fait dans ma vie un assez grand nombre d’expériences périlleuses avec la poudre à canon, les gaz arrêtés dans leur dégagement et les poudres fulminantes. Voici le secret pour n’être pas blessé : c’est d’admettre que l’accident qu’on craint arrivera infailliblement, et de se mettre alors convenablement à l’abri pour un péril hypothétique, comme on le ferait pour un accident imminent et indubitable. Surtout il faut se défier des explosions qui tardent à se produire, et se réserver toujours la faculté de briser son appareil sans en approcher de trop près. Si l’on voulait opérer en petit et avec un tube de verre très fort, on mettrait dans le tube une petite baguette de fer avec le liquide sulfo-carbonique, et on mettrait le tout dans l’étuve. Mais encore une fois, il faut agir avec prudence : c’est un mauvais voisin qu’un tube qui est toujours sur le point de voler en éclats !
Nous venons de dire qu’il n’y avait guère de chance que la nature nous offrît des minéraux inconnus, mais que les produits de laboratoire n’avaient point contre eux cette présomption de non-succès. Il faudrait donc réexaminer tous les composés dont la dureté, le poli, la transparence et la cristallisation conviendraient aux gemmes. Ensuite on verrait à les colorer convenablement, ce qui ne paraît pas fort difficile, puisque la matière colorante semble étrangère à la substance des gemmes, lesquelles ne sont que trop souvent fort inégalement colorées. Ebelmen, en faisant évaporer de l’éther silicique, avait obtenu de belle pâte d’opale. Plusieurs de ceux qui cherchaient