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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 9.djvu/1099

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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28 février 1855.

Il y a dans les affaires actuelles de l’Europe un nœud, si l’on nous permet ce terme, que des négociations prochaines viendront dénouer, si elles peuvent, ou que l’épée tranchera sans nul doute, mais qui, dans tous les cas, avant l’heure des solutions décisives, reste en ce moment l’objet de toutes les préoccupations, en enlaçant peu à peu toutes les situations et tous les intérêts. Pour peu qu’on observe les faits qui se succèdent et se mêlent, on ne se méprendra point sur le caractère véritable de cette stagnation apparente sous laquelle fermentent tous les élémens d’une grande crise. S’il était vrai, comme on l’a dit quelquefois, qu’on ne fût jamais plus près d’une pacification qu’à l’instant où la tension des choses devient extrême et universelle, il est clair que l’Occident pourrait se croire à la veille de voir la paix sourire de nouveau à sa fortune. Malheureusement, quand des questions d’un certain ordre sont engagées, quand les forces en sont à se compter de toutes parts, quand l’épée, déjà tirée par les uns, est tenue à demi hors du fourreau par les autres, il y a moins loin encore pour aller d’une guerre restreinte à une guerre plus générale que pour revenir à la paix. Ce n’est pas sur un point seulement aujourd’hui, c’est partout à la fois que la lutte actuelle apparaît dans sa gravité, en prenant toutes les formes, en devenant l’épreuve de toutes les politiques, en faisant naître cette succession d’incldens et de complications où se mesure la situation réelle de l’Europe. Qu’on réunisse les élémens épars et divers de cette situation à l’heure où nous sommes. En Crimée d’abord, c’est la guerre qui, après être restée quelque temps en suspens, semble près de recommencer avec une intensité nouvelle. À Vienne, c’est une négociation sans cesse ajournée, difficile à coup sûr, et qui ne peut plus tarder maintenant à livrer son secret en présence de l’arrivée de lord John Russell au siège des conférences européennes. En Angleterre, de la dernière crise ministérielle, provoquée elle-même par la guerre, est