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prouver. Nous allons voir Rome, après avoir été dominée par un chef sabin, gouvernée par des rois étrusques.

Mais, pour connaître ces nouveaux maîtres de Rome, nous ferons bien, ce me semble, d’aller visiter, au musée du Vatican et dans la collection du marquis Campana, qui serait digne d’être à ce musée, les antiquités si curieuses et trouvées en si grand nombre dans les tombeaux de l’Étrurie, et même quelques-uns de ces tombeaux à quelque distance de Rome. Les anciens nous apprennent peu de chose sur le peuple étrusque; ses annales ont péri, mais il a laissé dans ses monumens funèbres, — qui renferment des statues, des bas-reliefs, des peintures murales, des vases, des ustensiles de toute sorte, — une image de ses coutumes, de ses croyances, de sa civilisation, et cette image peut, jusqu’à un certain point, suppléer à son histoire.

Malheureusement, sinon pour les admirateurs du beau, du moins pour ceux qui voudraient étudier l’antiquité étrusque dans ses monumens, les sculptures et les peintures provenant de l’Étrurie ont pour la plupart subi l’influence de l’art et de la civilisation des Grecs. L’époque où les arts de la Grèce pénétrèrent en Étrurie est très ancienne et remonte au moins jusqu’au règne du premier Tarquin, dont le père, Démarate, amena avec lui des artistes grecs de Corinthe, sa patrie. On a reconnu que la grande majorité des vases peints trouvés en Étrurie, et que pour cette raison on appelait vases étrusques, est de travail grec; les urnes funèbres, les ornemens, les bijoux, les terres cuites admirables qui sont sorties de ces tombeaux, trahissent, par l’exécution aussi bien que par le choix des sujets représentés, une origine hellénique. Parfois le goût et les idées étrusques modifient plus ou moins les types étrangers, mais les monumens purement et certainement indigènes sont relativement peu nombreux. Cependant, en s’attachant à ceux dont le caractère national est le plus marqué, on arrive à se faire de ce peuple curieux une idée qui confirme et jusqu’à un certain point complète ce que les anciens nous en apprennent.

Les Étrusques étaient un peuple religieux. L’antiquité est unanime sur ce point. Son témoignage est corroboré par la grande importance qu’a donnée ce peuple aux monumens funèbres et à tout ce qui se rapporte à un autre monde. Le rôle considérable que les prêtres jouaient dans la civilisation étrusque, quand il ne serait pas attesté par l’histoire, serait suffisamment démontré par la magnificence des ornemens sacerdotaux trouvés à Cervetri, et qu’on admire dans le musée du Vatican.

Les Étrusques étaient aussi un peuple guerrier, une nation puissante par les armes, gens bello prœclara, comme dit Virgile, qui se montre partout si savant dans les antiquités de l’Italie. Une fois