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costume et les traits font penser forcément à la Perse, à l’Inde, à la Chine, on ne sait bien à quel pays ou à quel peuple, mais certainement aux régions les plus reculées de l’Asie.

L’histoire nous apprend que les Étrusques formaient une confédération composée de douze peuples, et que les douze villes principales, gouvernées chacune par un chef particulier, se réunissaient en assemblée générale dans le bois sacré de Voltumna, au lieu où est maintenant Viterbe. On sait quelles étaient la plupart de ces villes, et de grandes murailles, d’une construction toute particulière, à Volterre, à Arezzo, à Pérouse et ailleurs, montrent l’antique importance de ces villes. Les objets trouvés dans les tombes témoignent d’une grande opulence, qui suppose un certain développement du commerce et de l’agriculture, une industrie et un art avancés. Toutefois, ce que les Étrusques ont laissé de plus curieux, ce sont leurs tombeaux. L’existence de ce peuple s’y retrouve presque tout entière. Les demeures des morts, destinées à figurer l’habitation des vivans, nous enseignent quelle était la structure des maisons étrusques : on y a imité jusqu’à la forme du toit, jusqu’aux poutres et aux solives du plafond. Des statues en pierre ou en terre cuite nous transmettent les traits physiques de cette race disparue; les peintures qui couvrent les parois sépulcrales nous font assister à ses fêtes, à ses banquets, à ses jeux. Les ustensiles de ménage sont figurés en bas-relief ou conservés en nature. Des bijoux, des parures de femmes, des ornemens de prêtres, des armes, font connaître les costumes et les habitudes des différentes classes de la société. Les tombes elles-mêmes, indépendamment de ce qu’elles enferment, sont dignes d’attention. La comparaison des nécropoles d’Étrurie avec les tombes romaines est instructive, car les peuples se caractérisent par leurs tombeaux.

Les tombeaux étrusques sont de deux sortes. Les uns appartiennent à cette famille de monumens funèbres qui trahit évidemment l’intention d’imiter les grands amas de terre que dans les âges barbares et héroïques on entassait sur le lieu où le mort était déposé. C’est la forme la plus simple, la forme primitive de l’hommage funèbre. Le premier progrès est de substituer à ces monumens en terre un monument architectural qui remplace et figure la montagne artificielle : c’est l’origine des pyramides d’Egypte, d’un certain nombre de tombes étrusques, de quelques anciennes tombes romaines. Cette imitation d’un tertre funèbre par un colossal sépulcre fut reproduite plus tard dans le mausolée d’Auguste, dont il ne reste plus que les murs, mais qui s’élevait dans le Champ-de-Mars, comme une petite montagne sur le sommet de laquelle des arbres étaient plantés.

A une autre classe de tombeaux appartiennent ceux qui sont