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DANS LE LUBERON


I.

NOVEMBRE.


Le vent, depuis trois jours, a grondé sur nos toits ;
Il redouble aujourd’hui comme un chœur d’anathème.
Novembre est de retour ; c’est bien lui, c’est sa voix.
O farouche saison, dis-moi pourquoi je t’aime !

L’épais brouillard s’accroît dans l’azur obscurci ;
À peine par instans s’y montre un soleil blême ;
Tout le ciel est en deuil, toute la terre aussi ;
O farouche saison, dis-moi pourquoi je t’aime ?

Les feuilles de nos bois pleuvent en tourbillons ;
Voici le sombre hiver, voici l’ennui suprême.
Demain tout sera nu, forêts, coteaux, sillons ;
O saison de malheur, dis-moi pourquoi je t’aime ?


II

LA MERE ROBERT.


Dans notre Luberon, quelques maisons perdues
Se groupent, au penchant d’un ravin suspendues ;