doctrine, ou ce qu’on a sous ce nom émane des métaphysiques contemporaines. Il n’est personne qui ne voie qu’à tout cet ensemble de motions déjà réelles manque l’abstraction, la généralité, et, tant qu’on n’aura pas pu l’introduire, la biologie ne sera pas constituée, ressemblant plus à de l’érudition qu’à de la science, ayant des faits accumulés, mais point, de système positif qui les embrasse et les ordonne.
Cet état de choses dure encore bien longtemps. Galien, qui fut médecin de Marc-Aurèle, ne se signala pas, bien qu’habile anatomiste, par de notables découvertes. Ce qui le rendit justement célèbre fut la coordination qu’il apporta dans l’anatomie, dans la physiologie, dans la pathologie de son temps, et, systématisant, à son point de vue, toute la science de l’antiquité, il la transmit sous cette forme aux âges troublés qui devaient suivre. Ce fut de fait un bien grand trouble que l’invasion des Barbares dans l’Occident, et en Orient l’établissement de l’empire arabe. Toutefois, et semblables à ces coureurs de Lucrèce qui se passent le flambeau, ni les Latins ni les Arabes ne laissèrent s’éteindre le feu scientifique ; il n’y eut, grâce à eux, pas d’interruption, de solution, entre les anciens et les modernes ; mais la culture du moyen âge ne se tourna, ni chez les uns, ni chez les autres, du côté de l’anatomie, et, quand arriva la période que l’on désigne sous le nom de renaissance à cause de son retour passionné vers l’antiquité, elle trouva la connaissance du corps vivant à peu près au même point où l’avaient mise les grands anatomistes de la Grèce.
Vesale inaugura cette époque par de beaux travaux. Le scalpel reprit son œuvre longtemps interrompue ; des mains habiles le manièrent, et bien des découvertes qui avaient échappé aux anciens récompensèrent le labeur des successeurs modernes d’Hérophile et d’Erasistrate. Ainsi l’on reconnut les valvules des veines, disposition anatomique si importante pour arriver à la circulation du sang ; on traça le trajet des vaisseaux chylifères, apprenant enfin, ce qui avait été ignoré jusque-là, par quelle voie les matériaux réparateurs pénétraient dans le sang pour aller subvenir partout aux déperditions journalières. On suivit le réseau si ténu des vaisseaux lymphatiques, qui, aboutissant aussi aux grandes veines, apportent au sang la lymphe, produit recueilli en toutes les parties du corps. Et comme déjà un esprit de recherche plus puissant soufflait parmi les savans, comme l’astronomie avait fait de grands progrès, comme Galilée avait trouvé la loi de la chute des graves, un génie sagace, Harvey, mit le doigt sur ce qui avait, été presque touché par Galien, par Servet, par Césalpin, et démontra la circulation du sang.
Bien que nous soyons ainsi parvenus au XVIIe siècle et que nous approchions notablement du terme où la biologie doit enfin sortir de