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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 9.djvu/768

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faut accorder de confiance à certaine presse en général, et en particulier aux petites gazettes du Nord. Nous avons vu le journal le plus éhonté de Stockholm, la Voix du Peuple, publier pendant l’été dernier, un à un, tous les articles d’un prétendu traité conclu entre la France et la Suède en vue d’une conquête de la Finlande; nous l’avons vu fabriquer des noms propres, comme il invente des traités, comme il imagine de fausses accusations. Cependant nous étions en droit de prétendre, à le voir abuser ainsi la foule par la fausse espérance d’une prochaine guerre contre les Russes, que la foule voulait être flattée de cette façon et par de pareilles espérances. Eh bien! la question est de savoir ce qu’il faut conclure ici, en tenant compte de toutes les circonstances, des détails publiés par la presse suédoise. La première des deux communications que nous venons de signaler a paru d’abord, il est vrai, dans un pamphlet mensuel dépourvu de tout crédit officiel; mais elle a été répétée avec éloges, avec admiration, par des journaux dévoués au gouvernement, et on ne l’a pas démentie. La seconde paraît évidemment inadmissible; autant valait-il en effet que le roi Oscar, par un singulier démenti de sa prudence passée, publiât une déclaration de guerre à la Russie, et cela justement à l’entrée de l’hiver, au moment où les flottes alliées se retiraient, laissant libre carrière au ressentiment des Russes. Quoi qu’il en soit, l’une et l’autre communication sont devenues pour la Suède un sujet de discussions très vives, la Suède elle-même ne sachant pas ce qu’il en fallait croire, et cherchant à pénétrer le secret de ses prochaines destinées. Les uns, trop ardens, ne voulaient faire aucun fond sur des paroles suivant eux vagues, incertaines, et n’engageant à rien; les autres s’effrayaient de tout ce qui pouvait en apparence porter atteinte à une neutralité absolue, obstinée. Un certain nombre, il faut le dire, secrètement charmés d’avoir vu ruiner par nos mains la forteresse de Bomarsund, qui menaçait de devenir une autre Cronstadt, souhaitaient qu’on laissât faire les puissances alliées, qu’on trouvât un biais pour ne pas intervenir dans leur débat, et acceptaient l’espérance