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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 9.djvu/812

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exploitation si facile, qu’on trouve de l’avantage à l’embarquer sur l’Ohio pour le transporter à la Nouvelle-Orléans, à près de deux mille kilomètres, plutôt que d’abattre les bois voisins de cette ville, qui sont aussi abondans que peu élevés en valeur. Pour fixer les. idées, nous dirons que la riche Angleterre ne reçoit en pierreries (diamans et gemmes) qu’environ pour 12 ou 13 millions de francs chaque année, tandis qu’elle tire de ses mines de charbon de terre, tant en combustible vendu en nature qu’en combustible employé à produire du fer, la somme énorme de 500 millions de francs par an. Quelle mine précieuse que ce charbon, que ce diamant non cristallisé !

On trouve ordinairement le diamant empâté dans une sorte de ciment naturel rougeâtre, assez analogue à nos briques de terre glaise ferrugineuse. Quelquefois on brise la roche qui contient ce ciment; d’autres fois on recueille le sable du fond des torrens ou bien la teffe qui a reçu les détritus des roches diamantifères, et au moyen de lavages successifs on exclut les pierres et le sable le plus grossier pour trier ensuite à la main ce qui reste de la quantité primitive soumise au lavage. Les diamans sont toujours voilés d’une espèce de dépoli qui semble attester l’action chimique de la formation cristalline. Presque tous les autres cristaux, et notamment le caillou cristallisé ou cristal de roche, ont un aspect infiniment plus brillant. Que M. Achard vous montre une sébile de diamans bruts, tout raboteux et tout ternes : vous ne concevrez de l’estime pour le contenu que quand il vous dira combien de fois 20,000 francs il y a dans cette assiette de bois ou de carton; mais que, vous ouvrant des paquets de papier blanc remplis de diamans travaillés, il fasse briller à vos yeux leurs mille étincellemens et leurs feux d’arc-en-ciel, vous ne reconnaîtrez plus vos petits cailloux ternes de tout à l’heure. Si Socrate, qui considérait l’homme non instruit comme un bloc de marbre dont l’art devait ensuite tirer une belle statue, avait eu sous les yeux la transformation du diamant brut au moyen de la taille, il eût certainement adopté cette comparaison de préférence. Cependant la différence de prix entre le diamant non taillé et le diamant taillé est nulle, car si d’une part un diamant brut perd la moitié de son poids par la taille, il double de prix par cette opération, sans compter que la poudre qui résulte de ce qu’on lui enlève a encore dans les arts une valeur considérable, et qu’on l’emploie à polir plusieurs gemmes et le diamant lui-même.

Les anciens ne paraissent pas avoir soupçonné que le diamant pût être taillé; ils ne connaissaient que le diamant à pointes naturelles, ayant huit faces triangulaires et formant en tout sens une double pyramide. C’est un artiste de Bruges, nommé Louis de