Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 9.djvu/815

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moyen de mon procédé on vérifiera l’effet de la taille en rose ainsi qu’on vérifie celui de la taille en brillant. Comme pour la taille en brillant, évitez les trop grandes facettes pour les diamans trop gros.

On n’est pas bien d’accord sur l’identité du diamant qui porte le nom de Sancy, l’un des capitaines de Henri IV. Tous les diamans auxquels on a donné ce nom pesaient de 55 à 70 carats; mais tous étaient taillés en poire aplatie presque ronde ayant la forme dite de pendeloque, et facetés en dessus et en dessous, avec une très petite table en dessus. Évidemment les rayons, entrant par les diverses facettes du dessus, vont se refléter sur les facettes du dessous et reviennent, en s’irisant, repasser par les diverses facettes du dessus. Plusieurs strass taillés ainsi m’ont donné d’admirables effets, et je crois que c’est d’après ce modèle qu’on aurait dû tailler, sans grande perte de poids, et le diamant royal d’Angleterre, et le beau diamant brut désigné sous le nom d’Etoile du sud, qui a été récemment présenté par M. Dufrénoy à l’Académie des Sciences. Cette taille, que je hasarderai d’appeler taille Sancy, mérite autant d’être étudiée que la taille en brillant et la taille en rose. M. Achard se propose de l’essayer d’abord pour le faux de strass) et ensuite pour le diamant.

L’industrie de la taille du diamant est complètement nulle en France. Il n’existe aujourd’hui à Paris qu’un seul diamantaire, arrivé récemment de Hollande. Tout se taille à Amsterdam. Cependant les Français semblent être nés pour tout ce qui exige de la dextérité et du goût. C’est ainsi que la fabrication des glaces et des meubles ornés d’incrustations n’a pu nous être enlevée ni par les Anglais, qui, faisant très bien, produisent à un trop haut prix, ni par les Allemands, qui travaillent à bas prix, mais sans élégance. Il nous manquerait, dit-on, les matières premières, et il nous faudrait des traités avec le Brésil, qui produit aujourd’hui presque tout le brut arrivant sur les marchés d’Europe, et avec les grandes Indes, qui n’ont guère de princes indépendans de l’Angleterre. Cependant on voit chez M. Halphen des diamans à pleines sébiles, dont la taille pourrait occuper plusieurs ouvriers français. Ne pourrait-on donner à ces ouvriers quelques subventions en logement ou en outils qui leur permissent de travailler à prix convenable pour les importateurs de diamans ? Cette idée était déjà celle de M. Achard, qui en a étudié la réalisation. Le travail exquis du strass à Paris est garant de ce que feraient les ouvriers français en fait de taille dure. En attendant, j’apprends que le pauvre Gallais, le dernier diamantaire français, est mort de faim, comme tous ceux qui l’ont précédé à Paris.

Si un seul point lumineux multiplié par les facettes du diamant produit plusieurs feux colorés, il est évident qu’avec plusieurs points lumineux on obtiendra des feux bien plus nombreux et plus