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CHARLES FOX

seconde partie[1]


Memorials and Correspondence of Ch. J. Fox, edited by lord John Russel ; vol. III 1855.

Au moment où survint la révolution française, l’Angleterre semblait réservée pour longtemps à travailler sur elle-même. Le dénouement de la guerre d’Amérique lui avait laissé comme un sentiment de faiblesse, le fardeau de sa dette l’inquiétait, et quoiqu’elle ne pût sans amertume se rappeler la conduite et les succès de la France, elle ne songeait pas à s’en venger, surtout parce qu’elle ne l’espérait pas. L’ambition britannique semblait ensevelie dans le tombeau de Chatham. L’orgueil de son fils ne pouvait sans doute être insensible à la grandeur du pays, mais son naturel ne le portait pas aux entreprises hasardeuses ; il n’avait pas ces besoins d’imagination qui, réunis au don de l’action et à l’art de commander, font prendre l’initiative des grandes choses. Il songeait plus à signaler sa force de volonté par l’ordre financier promptement rétabli, par le pouvoir longtemps conservé, peut-être un jour par quelque réforme hardiment faite, que par un important rôle joué au milieu des perturbations européennes. Les événemens pouvaient, et ils l’ont prouvé, développer en lui des ressources cachées, et l’obliger d’appliquer ses facultés à de plus périlleuses entreprises ; mais il ne fut grand, s’il le fut jamais, que contraint et forcé. Il obéit à la nécessité, à l’opinion, surtout à cet orgueil qui ne lui permettait pas de paraître

  1. Voyez la première partie dans la livraison du 1er décembre 1854.