reuse, et voilà déjà plus de quinze ans qu’on peut la suivre dans sa marche, trop lente à la vérité, mais progressive et certaine.
De nombreuses réductions de l’antique attestent l’activité des ateliers de M. Barbedienne. Il suffira de citer notre Vénus de Milo, le Laocoon, l’Amazone du Vatican, les Deux lutteurs de la Tribune de Florence, la Diane de Gabies et la Polymnie du musée du Louvre. Sans doute ces statues réduites ne nous offrent pas avec une fidélité absolue l’idéale beauté des originaux. Il y a dans les procédés de réduction, aussi bien que dans les procédés de moulage, des causes d’erreur qui rendent le succès difficile[1], surtout pour les modèles en ronde-bosse, et il y aurait de nombreuses critiques à faire, si on examinait ces bronzes au point de vue exclusif de l’art. N’oublions pas toutefois que c’est une industrie que nous discutons en ce moment, que ses produits, répandus dans le commerce, ne sortant pas des mains de l’artiste, on ne peut leur demander qu’une perfection relative, et que, malgré les défauts signalés dans ces bronzes, les travaux dont nous parlons ont déjà singulièrement contribué à élever le niveau de cette industrie aussi bien que le goût général du public.
M. Barbedienne n’a pas fait une part moins large dans ses réductions aux monumens de la renaissance qu’aux monumens antiques. On a vu par exemple figurer à l’exposition universelle la réduction au demi de l’une des portes de Ghiberti. Sans doute ces admirables panneaux n’ont plus la beauté sévère de l’original ; mais un industriel qui respecte assez le public pour oser lui offrir une œuvre de cette importance est certainement digne d’encouragemens. M. Barbedienne avait exposé aussi le Moïse du tombeau de Jules II. Cette réduction aux deux cinquièmes du chef d’œuvre de Michel-Ange est satisfaisante à quelques égards, mais rien ne saurait rendre la lumière et la majesté divines qui jaillissent de ce marbre, et ce n’est vraiment qu’à Saint-Pierre-aux-Liens qu’il est possible de comprendre la puissance gigantesque de cette figure. Au Moïse venaient s’ajouter les réductions des tombeaux de la sacristie de San-Lorenzo. Qui ne connaît ces statues de Laurent de Médicis et de son fils Julien, du Jour et de la Nuit, de l’Aurore et du Crépuscule ? À côté de la reproduction de ces chefs-d’œuvre de Michel-Ange, on ne doit point oublier le Saint Jean de Donatello, cette délicieuse figure, si naïve et si vraie ; les trois Grâces de Germain Pilon, etc. Parmi les réductions d’œuvres modernes, il faut citer surtout les deux belles figures de Toussaint, et la Pénélope endormie de M. Cavelier, dont le marbre appartient à M. le duc de Luynes.
Ces procédés de réduction, que la science perfectionnera encore,
- ↑ Voyez à ce sujet l’Orfèvrerie et l’ébénisterie à l’exposition, de M. G. Planche, dans la Revue du 15 novembre dernier.