un bond électrique, et comme poussé par une force invisible. Le cheval, qui n’avait perdu aucun de ses mouvemens, présenta la croupe, qui fut déchirée par les griffes du tigre, lança une ruade et envoya Burrhea rouler dans la poussière. — C’est égal, Burrhea l’aura, dit le roi. — Le tigre se releva, et les animaux recommencèrent leur pantomime. Mêmes promenades circulaires de la part du tigre, même attention, de la part du cheval, à ne présenter que la croupe, même bond galvanique et imprévu de Burrhea, qui cette fois roula dans la poussière en poussant des hurlemens et en cherchant une issue pour fuir : la mâchoire avait été brisée par une des ruades du cheval. — Ah ! mais, dit le roi, ce mangeur d’hommes est un brave compagnon. Qu’on le fasse combattre contre des buffles sauvages. — On introduisit dans l’arène trois buffles énormes, qui regardèrent d’un air étonné et stupide, sans bien comprendre ce qu’on voulait d’eux. Le cheval, plus intelligent, voulut sonder le terrain et connaître la nature de ces nouveaux adversaires. Il s’approcha de ces énormes bêtes, dont la moindre aurait suffi pour l’anéantir, et s’avisa d’étendre son long cou sur le dos d’un des buffles ; ils n’y prirent garde et ne parurent se soucier en rien de lui. La familiarité engendre l’insolence, dit l’auteur, et le cheval, encouragé par cette attitude passive, s’approche de l’un d’eux et lui allonge un coup de pied. Surpris de cette audace, les trois buffles relèvent la tête et regardent d’un air étonné, comme s’ils cherchaient à comprendre la raison de cette attaque imprévue. — Eh ! mais, dit le roi, c’est un brave camarade que ce cheval ; je veux qu’il ait la vie sauve. — On fit sortir de l’arène le mangeur d’hommes, qui s’était montré si ingénieux, et qui, grâce à sa présence d’esprit, avait su garantir sa vie.
Je suis fâché d’apprendre qu’une lutte de rhinocéros et d’éléphans n’a pas tout l’intérêt qu’on pourrait lui supposer ; mais en revanche les combats d’éléphans sont un spectacle encore plus extraordinaire que je ne l’imaginais. L’hôte anglais de Nussir en décrit un, dont le héros dépasse tous les éléphans légendaires et fabuleux de l’antiquité dont Pline nous a conservé le souvenir. Que sont ces éléphans pieux et reconnaissans, qui sauvent la vie à leur maître ou font leur prière au lever du soleil, à côté du terrible et doux Malleer, qui mériterait bien plus qu’eux de passer à la postérité ? Les combats d’éléphans avaient lieu dans un vaste enclos, sur une des rives du Goomty, et les spectateurs contemplaient avec sécurité ce spectacle de la rive opposée. Chaque éléphant combat monté par son mahout, qui dirige l’énorme bête au moyen d’une corde passée entre ses défenses et sa queue. Les deux éléphans s’avancent l’un contre l’autre, la trompe relevée en l’air, ils se heurtent de front, et le choc est si terrible qu’on l’entend, dit l’auteur, à un demi-mille de distance, et que souvent les défenses