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LE
PÔLE AUSTRAL
ET LES
EXPÉDITIONS ANTARCTIQUES


Lorsqu’on jette les yeux sur un globe terrestre, on est frappé par la grandeur du vide qui remplit la zone antarctique ou australe, ainsi que tous ses alentours. Buffon avait remarqué, dès longtemps, que les grands continens de l’Afrique et de l’Amérique méridionale se terminent en pointe vers le sud, et laissent ainsi aux mers une place de plus en plus étendue. L’Amérique ne dépasse point le cinquante-deuxième cercle de latitude, ni l’Afrique le trente-troisième. Le continent de l’Australie diffère complètement des deux précédens par l’ensemble de sa configuration, mais ne s’étend pas à de très grandes distances de l’équateur. Aux latitudes inférieures à celles de la Nouvelle-Zélande et dans l’immensité des mers australes, qui servent en quelque sorte de confluent au grand Océan-Pacifique, à l’Océan-Indien et à l’Océan-Atlantique, on ne trouve plus que des points isolés, de rares îles, quelques côtes peu connues, quelques petits archipels, qui se dessinent sur nos cartes comme des constellations dans le ciel. Ainsi, considérée dans son ensemble, cette portion de notre planète est essentiellement océanique, et si les saillies des continens dominent presque tout l’hémisphère boréal, l’hémisphère austral est au contraire, dans sa partie la plus étendue, recouvert par l’immense et monotone plaine des eaux.

Nulle région de la terre n’est demeurée aussi inconnue que la zone antarctique proprement dite, comprise à l’intérieur du cercle polaire