austral. Aucune des raisons, pour un temps si puissantes, aucuns des entraînemens qui, à différentes reprises, poussèrent les navigateurs vers les côtes du nord, n’ont jamais dirigé, sur ce point, leurs tentatives et leurs recherches[1]. Pourtant après la grande découverte de Magellan les nations commerçantes commencèrent à se préoccuper de ces parties de la terre, qui jusque-là n’avaient jamais attiré l’attention publique, et avaient seulement exercé les spéculations de quelques géographes ; mais les régions qui à de courts intervalles avaient été successivement ouvertes aux entreprises des peuples de l’ancien continent étaient si nouvelles et si immenses, que l’activité même la plus aventureuse eut pour longtemps de quoi s’y satisfaire, et il se passa de longues années avant qu’on résolût d’aller explorer les parages mystérieux du sud, si entièrement inconnus, pour y reconnaître le grand continent austral, que les géographes d’alors, guidés par des inductions vagues et théoriques sur l’équilibre de la planète, s’accordaient généralement à y placer.
La croyance à ce continent semble avoir été assez accréditée parmi les navigateurs. En 1772, un lieutenant de la marine française, M. de Kerguelen, avait aperçu l’île qui porte encore aujourd’hui son nom ; les vents et les tempêtes l’avaient empêché d’y aborder, mais il se crut autorisé à son retour à annoncer qu’il avait entrevu les côtes d’une grande terre qui devait recouvrir la zone australe. Il était si enthousiasmé de sa découverte, qu’il retourna au même point dès l’année suivante ; mais il ne fut pas plus heureux cette fois : il nomma seulement le Cap-Français et fut obligé de revenir. En 1774 cependant, un autre officier français, M. de Resnevet, réussit à toucher terre et prit possession au nom du roi de France. C’est vers la même époque que le fameux capitaine Cook explora les mers du sud et réussit à pénétrer aux plus hautes latitudes qu’on eût jamais atteintes dans l’hémisphère austral ; il parcourut cent quatre-vingts lieues entre le 50e et le 60e degré de latitude, et s’engagea jusqu’à la latitude de 71° 15′ sous 109 degrés de longitude ouest. Dans le cours de ses explorations, il rechercha vainement des terres que prétendait avoir aperçues Bouvet dans le voyage de découvertes qu’il avait fait pour la compagnie française des Indes. Cook supposa, sans doute avec raison, que Bouvet avait été trompé de loin par quelque immense montagne de glace. Il eut aussi la curiosité d’aller vérifier l’existence du prétendu continent de M. de Kerguelen : il fit un examen détaillé des côtes orientales depuis le Cap-Français jusqu’au cap George, et le capitaine Furneaux, qui faisait partie de
- ↑ Voyez sur le Pôle nord et les Découvertes arctiques, la livraison du 15 septembre 1855.