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Le nouveau canal forme un seul bief ayant son origine dans le Port-Neuf d’Alexandrie et son débouché dans le golfe de Suez. Nous nous rallions au projet de M. Talabot pour les dispositions relatives à ces deux passes.

À partir d’Alexandrie, le canal, dont la carte jointe à cette étude indique le tracé, prend sa direction par la zone maritime du Delta ; il gagne la baie d’Aboukir, de là il passe au nord du lac d’Edko, dont il ferme la communication avec la Méditerranée, et il va couper, en aval de Rosette, la première branche du Nil, dont il reçoit les eaux pour les rendre ensuite à la mer. Il entre dans le lac Bourlos, et son trajet reste à peu près parallèle à la côte jusqu’au point où il coupe la deuxième branche du Nil en aval de Damiette, pour en recevoir et en rendre les eaux comme à Rosette ; puis il traverse le lac Menzaleh, s’infléchit au sud en laissant Peluse à l’est, passe dans le lac Ballah et coupe le seuil d’El-Ferdan, seul point où il rencontre des dunes de sable mouvant. Enfin au lac Timsah, qui conserve sa destination de port intérieur, il se raccorde avec le tracé direct, dont il emprunte le canal de rattachement au Caire, et après avoir coupé le seuil du Serapeum et traversé les lacs amers, il arrive au golfe de Suez par les plis de terrain les moins élevés.

La longueur totale du canal est d’environ 390 kilomètres, sur lesquels il y en a près de 200 dans les lacs ; elle diffère à peine de la longueur du canal par le barrage, qui a 392 kilomètres, et l’on peut considérer comme égales les longueurs des deux canaux selon le tracé indirect. Toutefois le nouveau canal n’a pas vingt écluses ; il n’a qu’un bief, comme de canal de Suez à Peluse ; cet avantage, revendiqué comme un privilège du tracé direct, n’est pas particulier à ce système.

Le problème de l’alimentation est résolu par un procédé irréprochable. Le Nil y contribue seulement à ce point de son cours où les eaux ont pourvu aux besoins du pays et approchent de leur termes la navigation entre les deux mers ne s’approprie qu’une partie de ce qui est disponible après l’usage, et va se perdre soit dans les lacs, soit dans la Méditerranée. C’est là ce dont on a pu se convaincre sur la simple indication du tracé. Venons aux détails. Le canal est principalement alimenté par les deux branches de Rosette et de Damiette, et par le canal de rattachement du lac Timsah au Caire, qui, sous ce rapport, a le rôle d’une troisième branche. En outre, quatre branches secondaires, dont trois courent du sud au nord et une du sud au nord-est, toutes les quatre canalisées, lui apportent le tribut des eaux qui s’échappent des canaux d’irrigation de la partie moyenne du Delta, après les avoir reçues d’une large rigole transversale qui devra être disposée pour les recueillir. Cette rigole forme un premier bief entre les branches de Rosette et de Damiette, qu’elle met