Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 2.djvu/349

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eu deux seulement qui ont eu une apparence restrictive : nous voulons parler de la réduction des avances sur dépôts de titres et de la réduction à soixante-quinze jours du maximum des échéances. Quant à la première de ces mesures, ce n’est point le crédit commercial qui aurait à s’en plaindre, car elle avait pour but et elle a eu pour effet de lui consacrer une portion plus considérable des ressources de la Banque. Quant à la seconde, rendue nécessaire par la limite légale qui ne permet point à la Banque de laisser à l’intérêt son élasticité naturelle, elle a pu, dans certains cas, être gênante pour le commerce, mais à un faible degré, car la moyenne des effets présentés à l’escompte de la Banque est loin d’atteindre la limite de soixante-quinze jours. Cette moyenne n’a été que de trente-deux jours pour les effets présentés l’année dernière aux succursales. Il est donc probable qu’elle n’aura eu d’autre résultat que celui que la Banque avait principalement en vue : écarter le papier de circulation qui aurait pu être créé pour enlever de l’or à la Banque par des opérations de change. Grâce à ces mesures, bien loin de restreindre le crédit commercial, c’est-à-dire de le resserrer ou de l’interrompre, la Banque a pu au contraire lui assurer la permanence, la régularité, et une extension proportionnée au développement des opérations commerciales. Ce sont là les services essentiels que le commerce demande aux banques, et qu’il a droit d’exiger d’elles. Auprès de ces services, les variations de l’intérêt n’ont qu’une importance secondaire. Les commerçans et les industriels sérieux savent d’ailleurs, comme les économistes, que ces variations résultent de l’état général du crédit, et qu’en fixant d’après ces variations les conditions de leurs escomptes, elles garantissent les ressources actuelles du crédit à la production active, et les empêchent de s’égarer dans des spéculations inopportunes et dangereuses. Ils savent enfin que, si l’élévation temporaire de l’intérêt est une charge pénible qui réduit leurs profits, c’est la part de souffrance que le commerce et l’industrie ont à supporter dans ces calamités générales qu’imposent aux nations la fatalité d’une mauvaise récolte et les conséquences de la guerre même la plus juste et la plus glorieuse.

Nous croyons en avoir assez dit pour être dispensé de relever les diverses critiques auxquelles ont donné lieu les mesures prises et maintenues par la Banque pendant cette période de gêne, qui n’est point malheureusement terminée, et que la paix ne clora peut-être point aussi promptement que quelques-uns l’imaginent. Plusieurs des expédiens que l’on a proposés à cette occasion comme plus efficaces que les mesures de la Banque et moins durs pour le commerce sont au-dessous d’une discussion sérieuse. Il en est un dont on a fait grand bruit, qui sans doute n’est point en lui-même absolument