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L’ÉCOSSE
DEPUIS LA FIN DU XVIIe SIÈCLE
ET LA
PHILOSOPHIE DE HAMILTON

L’Écosse est un peu oubliée. Le temps n’est pourtant pas si éloigné où la raison, l’imagination, l’amour de la vérité, de la poésie, de la nature, dirigeaient vers ce pays et nos esprits et nos pas. La voix de maîtres respectés exhortait la jeunesse à chercher dans ses écoles l’exemple de la science libre et consciencieuse et les leçons d’une philosophie conduite par une prudente méthode et une critique pénétrante à raffermir la foi de l’esprit humain en lui-même. Dans les souvenirs du moyen âge, dans les traditions des luttes plus récentes que la religion et la politique ont excitées entre les hautes et les basses terres, une érudition intelligente nous conviait à recueillir les plus naïves et les plus vivantes peintures des préjugés, des passions et des caractères qui agitent les sociétés humaines. C’était la contrée où la mémoire des événemens historiques se conservait toute vive dans les ballades et les récits populaires, tandis que d’autres chansons plus touchantes y redisaient en un langage rustique et gracieux à la fois les rêveries de l’habitant des montagnes et ces sentimens intimes que le cœur de l’homme éprouve trop souvent en silence dans la vie grossière du pâtre et du pêcheur. Enfin, attiré par les fraîches descriptions de ces cimes couronnées de nuages, de ces lacs enceints de pentes verdoyantes, le voyageur partait, impatient de visiter tant de sites consacrés par l’histoire et la poésie, de con-