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UN
PRINCE KURDE
RÉCITS TURCO-ASIATIQUES.

SECONDE PARTIE.[1]


IV.

Conformément aux instructions données par le pacha, l’escorte qui emmenait Méhémed-Bey vers Constantinople entourait le prince captif des plus grands égards. Dès le premier jour du voyage, Méhémed-Bey s’était trouvé pour ainsi dire le véritable chef de la petite troupe, qui, peu familiarisée avec les âpres défilés du pays kurde, s’en remettait au prisonnier du soin de trouver les routes les plus sûres et les passages les plus praticables. Une fois certain de posséder la confiance de son escorte, le bey eut hâte de mettre cette circonstance à profit, et c’est vers une montagne bien connue de lui et de tous les Kurdes qu’il se dirigea.

Pour décrire ici le lieu de la scène, je n’ai qu’à consulter mes propres souvenirs, car la montagne dont il s’agit n’est pas très éloignée de la ferme que j’habitais en Asie-Mineure, et je l’ai visitée bien des fois à des époques très différentes, tantôt lorsque des populations de pâtres s’y trouvaient réunies, tantôt lorsque nul être humain n’en troublait la morne solitude. Quel contraste entre ces montagnes d’Asie et nos montagnes d’Europe ! Dans nos Alpes, par exemple,

  1. Voyez la livraison du 15 mars dernier.