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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 2.djvu/581

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cherchent à s’immobiliser dans des placemens productifs. Les capitaux régis par, le crédit commercial sont par leur nature associés sans cesse au travail actif, qui les fait passer par toutes les transformations de la production, et sont toujours destinés à recouvrer promptement leur disponibilité par les réalisations en numéraire qui accompagnent la consommation. Les capitaux régis par la commandite sont, il est vrai, appelés à augmenter les instrumens et la productivité du travail, mais toute la portion de ces capitaux absorbée par les frais de construction d’installation, d’outillage des entreprises industrielles, s’immobilise et n’est plus destinée à recouvrer sa disponibilité. En un mot, le crédit commercial s’applique au capital circulant du commerce et de l’industrie, dont il accroît la mobilité ; la commandite s’applique surtout au capital fixe, dont elle augmente d’une façon permanente l’étendue et la puissance.

Entre les deux ordres d’intérêts que représentent le crédit commercial et la commandite, il existe sans doute de nombreux points de contact et une réciprocité d’action continuelle. D’abord la formation des nouveaux capitaux résulte, pour la plus grande part, de la productivité des capitaux circulans, et réciproquement, par la centralisation de ces nouveaux capitaux et leur application à de nouvelles entreprises, la commandite verse dans la circulation de nouveaux fonds de roulement, en même temps qu’elle augmente les capitaux fixes, les instrumens de travail et la puissance productrice des agens naturels. Il arrive ensuite que, par le cours ordinaire des choses, une portion des capitaux destinés aux placemens fixes vienne, en attendant ces placemens, se mettre temporairement à la disposition du crédit commercial. De même il peut arriver qu’une portion des fonds de roulement sur lesquels agit le crédit commercial prête aussi un concours momentané à la commandite en attendant que les capitaux dont elle a besoin aient eu le temps de se former et de se réunir. Nous n’avons pas l’intention de décrire ici les combinaisons accidentelles par lesquelles s’accomplit dans la pratique ce mouvement de va-et-vient du capital entre les fonds de roulement et les placemens fixes, entre le crédit commercial et la commandite. Nous ne voulons que signaler la réciprocité d’action qu’exercent l’une sur l’autre ces deux formes du crédit. Par la nature des choses, ces deux ordres d’intérêt sont destinés à s’entr’aider mutuellement ; mais comme son mécanisme n’est point aussi parfait que celui du crédit commercial, le crédit commanditaire est plus exposé à sortir de ses limites naturelles, et il ne peut en sortir sans amener des perturbations dont le crédit commercial subit la fâcheuse influence, et contre lesquelles il est obligé de réagir.

Le crédit commanditaire, en effet, ne crée pas plus les capitaux