à mort en 1812 pour n’avoir pas suffisamment résisté à l’entrée des Français en Poméranie. Peyron avait été fait prisonnier et emmené comme tel en France. Il était à Blois depuis une année environ, quand on le vit subitement venir à Paris. Le 18 avril 1813, aussitôt après son arrivée dans la capitale, il vit entrer chez lui M. de Cabre, notre ancien chargé d’affaires à Stockholm, brutalement éloigné de son poste à la fin de l’année précédente par le gouvernement suédois. M. de Cabre conduisit Peyron, en lui recommandant la plus grande discrétion sur ce qu’on allait lui confier, chez le duc de Bassano. Le duc l’adressa d’abord à la princesse royale de Suède, qui continuait à préférer le séjour de Paris à celui de Stockholm, mais qui travaillait encore à réconcilier les deux cours. Elle dit à Peyron que le prince royal devant aborder prochainement à Stralsund à la tête de trente mille Suédois, on espérait pourtant qu’il n’ouvrirait pas d’hostilités contre la France ; l’empereur Napoléon voulait, disait-elle, offrir à la Suède d’importans avantages ; l’empereur lui-même voulait recevoir Peyron, lui parler de ce grave sujet ; qu’il revînt donc trouver la princesse après cette audience : elle lui donnerait des lettres qu’il serait chargé de porter à Bernadotte. Le 18 au soir, en effet, Peyron fut présenté par le duc de Bassano à Napoléon, aux Tuileries. Après quelques paroles obligeantes et dites avec une grande bonté, selon le rapport de Peyron, qui se trouve dans les papiers de M. Schinkel, l’empereur rappela, mais brièvement, tous les sujets de plainte qu’il avait contre la Suède ; D’autre part, il ne dissimula pas quels reproches le roi de Suède pouvait élever contre le gouvernement français, par exemple à propos de l’invasion de la Poméranie ; il ajouta qu’il avait désapprouvé les mesures adoptées en cette occasion par ses généraux comme non conformes à sa politique, mais sa dignité ne lui permettait pas de désavouer des maréchaux. Il arriva finalement au sujet principal en disant qu’il ne regarderait pas comme une hostilité la descente d’une armée suédoise en Allemagne, si elle se bornait à l’occupation d’une province suédoise ; il déclara que les armées françaises, dont il prenait lui-même le commandement, respecteraient le territoire de la Poméranie, que cette province et la Suède tout entière resteraient en possession paisible de leur commerce, enfin que les prisonniers suédois seraient tous rendus. Il fit lire ensuite par le duc de Bassano la note modérée de février 1813 remise à M. D’Ohsson, ministre de Suède à Paris, lorsqu’il avait demandé ses passeports ; le duc ajouta quelques paroles à la lecture de ce document, et fit remarquer quelle modération l’empereur montrait en voulant oublier certaines notes, certaines proclamations dernièrement issues du gouvernement suédois l’écrit d’Auguste Schlegel sur le système continental, et la fameuse lettre
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