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lui permettrait d’attendre sans souffrance le premier vert ; mais c’est là une chose dont les Arabes ne se sont jamais avisés. Cependant le gouvernement tunisien, conseillé par un officier français, s’est mis depuis quelque temps à faire du foin pour sa cavalerie régulière.

Les céréales cultivées dans la régence de Tunis sont le blé, l’orge, le maïs, le millet ou dourah. Les plantes textiles sont le lin, le chanvre et un peu de coton à Nebel ; — les plantes tinctoriales, le carthame, la garance, l’indigo et le henné. J’ai parlé des palmiers du Djerid, qui produisent les meilleures dattes du monde ; mais la culture la plus importante de la régence est celle de l’olivier. Cet arbre, la principale source du peu de richesse qui reste encore à Tunis, ressemble peu en Afrique à ces pauvres oliviers gris et rachitiques que l’on voit en Provence. Il est bien toujours assez difforme, mais infiniment plus gros, d’un feuillage plus touffu et plus vert. Dans les lieux où il peut être arrosé, il devient même presque beau. Autrefois le gouvernement tunisien avait le monopole de l’huile, mais il a dû y renoncer par le traité de 1830. Le commerce extérieur de la régence, dont cette marchandise est la branche principale, est à peu près exclusivement entre les mains des Européens ; Soussa en est la principale échelle. Les autres articles d’exportation après l’huile consistent, en laine, savon, tissus, éponges, animaux vivans[1], os d’animaux, céréales et fruits, le tout en petite quantité. Les tissus qui s’exportent le plus sont ceux de Djerba. Il en sortit de cette île, en 1846, pour une valeur de 700,000 francs environ. Les importations consistent principalement en tissus, soie grège, épiceries et drogueries, mercerie et quincaillerie, fer, denrées coloniales, vins et eaux-de-vie, bois de construction, armes et outils divers. Les tissus forment l’article le plus important ; la valeur s’en est élevée à 4 millions en 1843 : ce sont principalement des tissus anglais et suisses venant de Malte et de Livourne. La France fournit des draps et des tissus de soie On aura peut-être de la peine à croire que la province de Tunis, la cella panaria de Rome, reçoit souvent des grains du dehors ; il en est cependant ainsi. En 1842, les importations de ce genre s’élevèrent à 1 million 500,000 francs. La moyenne annuelle du commerce de la régence de Tunis est de 13 à 14 millions, sur quoi la France a la meilleure part.

Il y a encore une branche de commerce assez peu importante par sa valeur, mais estimée des touristes : c’est celle des peaux de lions et de panthères. Ces animaux féroces sont assez communs dans les tribus de l’ouest, mais fort rares, ou, pour parler plus exactement, à peu

  1. Il faut pour la sortie des animaux vivans des permis spéciaux, car la prohibition est l’état normal.