Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 3.djvu/372

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

globe, se trouve à une profondeur extrêmement faible, quand on la compare au rayon de la terre, un noyau intérieur en fusion et incandescent. La terre, sans cesse entraînée à travers des espaces dont la température est extrêmement basse (on l’estime à 60 degrés centigrades environ au-dessous de zéro), se refroidit par un rayonnement lent, malgré la chaleur que lui envoie le soleil : les parties internes liquides se refroidissent, se contractent plus rapidement que l’écorce solide qui les entoure ; mais cette enveloppe continue néanmoins, à cause de la pesanteur, à suivre le mouvement général de retrait ; elle ne peut le faire pour ainsi dire qu’avec effort, en se comprimant latéralement, comme un ressort que l’on oblige à occuper moins de place. Les révolutions du globe ont d’ailleurs brisé l’enveloppe à tant de reprises et dans des directions si variées, que, suivant une ingénieuse comparaison de M. Élie de Beaumont, elle forme comme une mosaïque. Dans le mouvement très lent de recul qui l’entraîne tout entière, les diverses pièces qui la composent, toujours plus resserrées, jouent légèrement les unes dans les autres, comme pour se soulager mutuellement. Ce sont ces petits mouvemens relatifs qui expliquent de la manière la plus plausible l’abaissement graduel ou l’élévation lente de certaines régions, que nous observons encore aujourd’hui en Scandinavie, au Spitzberg et en divers points du bassin méditerranéen. Les éruptions des volcans, véritables soupapes de sûreté de la terre, et les tremblemens de terre, dernières vibrations des ondes souterraines, nous rappellent trop fréquemment l’instabilité du sol que nous habitons et de cet équilibre que notre esprit confiant voudrait croire éternel. Il nous est heureusement interdit de lui assigner une limite : quand on mesure l’immense épaisseur des couches qui se sont déposées au fond des anciens océans, on reconnaît l’impossibilité absolue de compter le temps qui a dû s’écouler pendant ces lentes accumulations. Le géologue peut aussi bien parler de siècles que d’années, d’âges que de siècles.

Quand les pressions qui agissent sur l’écorce solide de la terre, et qui s’accroissent d’une manière lente, mais continue, deviennent trop puissantes, l’équilibre séculaire est tout à coup rompu ; l’enveloppe trop longtemps comprimée finit par céder, les couches qui se déposaient horizontalement au fond des mers se soulèvent et se replient en montagnes, se déchirent, se retournent, ondulent comme les vagues gigantesques d’un océan solide, qui s’arrêtent et sont frappées d’immobilité sans pouvoir retomber. En même temps les parties fluides et intérieures du globe sont mises en communication avec l’atmosphère : elles ne s’échappent plus par des bouches minces comme les cratères de nos volcans, mais se fraient un passage