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des communications rapides et à l’abaissement des droits, ou bien la fabrication de liqueurs fermentées qui fussent en même temps agréables, salutaires et d’un prix peu élevé, de même que le meilleur remède à la cuisine si imparfaite de ces pays serait une agriculture plus développée et une économie domestique mieux entendue. Les premières améliorations dues aux réformes des dernières années prouvent qu’en beaucoup de cas les difficultés provenant du climat ne seraient pas insurmontables. La science a fait d’ailleurs sous ce rapport de grands progrès. Les Suédois, qui ont obtenu, pour leur part, une centaine de récompenses à l’exposition de 1855, ont pu juger des ressources que les inventions nouvelles, faites en Angleterre, en France ou en Allemagne, peuvent leur procurer. C’est encore l’Occident, et non pas la Russie, qui les éclairera à ce sujet.

Pour la première fois depuis l’avènement de la dynastie de Bernadotte au trône de Suède, des liens intimes viennent de rapprocher le gouvernement suédois et le gouvernement français. Pour la première fois depuis l’avènement de Charles-Jean au trône, un prince de sa famille visite notre pays. Nous croyons savoir que le prince Oscar nous arrive heureux de voir enfin de ses propres yeux cette France qu’il aime, et qu’une seule fois, dans ses précédens voyages maritimes, il avait pu entrevoir de son bord. Vice-amiral dans la flotte suédoise, le prince a consacré aux études spéciales de sa carrière toute sa jeunesse. Dans une discussion célèbre, qui s’ouvrit, il y a quelques années, sur la question de savoir si la Suède ne devait pas sacrifier les vaisseaux de ligne et la grande flotte aux intérêts de la flotte spéciale où petite flotte, composée des chaloupes canonnières qui protègent admirablement ses côtes, le prince Oscar, comme autrefois son père, alors prince royal, vota pour que la Suède n’abdiquât pas son avenir colonial et maritime. Le prince veut visiter en France Brest et Cherbourg, en Angleterre les docks et la flotte ; dans les deux pays, il veut étudier particulièrement les institutions financières. Puissent ces patriotiques études être rendues faciles et fécondes par le rapprochement des nations ! Charles-Jean lui-même avait conseillé pendant ses dernières années que la Suède rentrât dans les voies de son ancienne politique. Son fils a accompli ce vœu, conforme aux intérêts de son pays. Si la paix est survenue trop tôt pour le courage des Suédois, elle ne sera pas venue trop tôt cependant pour leur avantagé ; elle ne leur sera pas dangereuse, car toute l’Europe est avec eux, la Russie elle-même, la première intéressée, si elle veut, elle aussi, modifier sagement sa politique, à prendre une belle part dans le laborieux essor de réformes et d’améliorations sociales auquel la paix invite tous les peuples.


A. GEFFROY.