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foule de détails domestiques, des modèles de maisons en bambou, en un mot tout ce qui peut éclairer l’histoire de la vie japonaise se trouve dans cette collection, formée par le savant au péril de sa vie. Le grand ouvrage de M. Siebold, Nippon, donne l’explication de toutes ces gravures. Le texte et les gravures nous initient minutieusement à la géographie physique du pays, à l’histoire naturelle, à l’iconographie sacrée, aux principaux types de la race japonaise, aux monumens littéraires et scientifiques. M. Siebold est maintenant à Saint-Pétersbourg ; mais il a laissé à Leyde un disciple, M. Hoffmann, qui, pour n’avoir pas voyagé, n’est pas moins instruit que lui dans la langue et dans les antiquités du Japon[1].

Ces divers établissemens nous amènent à parler de la vie des étudians. Les jeunes gens qui se destinent à la chaire, au barreau ou à la médecine passent ordinairement quatre ou cinq années dans la ville de Leyde. La première année est consacrée au complément des études classiques ; ensuite les étudians suivent différentes directions, selon la faculté à laquelle ils appartiennent. Les professeurs font le plus souvent la leçon chez eux ; ils sont payés moitié par l’état, moitié par les élèves. Cette dernière rétribution est pour chaque cours de trente florins par tête. Pendant tout le temps que les jeunes gens, passent à Leyde, ils peuvent, cette somme une fois payée, suivre les leçons du professeur, qui se répètent d’ailleurs d’année en année. Chaque aspirant aux grades est contraint d’assister à sept ou huit cours au moins dans chaque branche d’enseignement. Le nombre des étudians est de quatre ou cinq cents environ. Ils donnent le ton et le mouvement à la ville. Le goût des fêtes historiques s’est conservé dans cette jeunesse, qui aime à se donner en spectacle. L’année dernière, elle célébrait en grand apparat l’entrée de Charles-Quint dans la ville de Dordrecht. On remarquait quelques riches costumes, mais l’ensemble manquait de goût et d’harmonie ; les chevaux avaient des selles et des harnais modernes. Cet anachronisme choquait l’œil. Le séjour que j’avais fait en Belgique m’avait d’ailleurs rendu difficile pour ces sortes de processions et de travestissemens historiques. J’avais vu à Bruxelles la fête de la constitution : là, tous les principaux corps d’état défilaient en costumes de caractère avec un ordre, une solennité, un soin scrupuleux des détails, qui donnaient vraiment à cette représentation la valeur d’une œuvre d’art.

Il y a ici comme partout les étudians qui étudient et ceux qui n’étudient pas. Ces derniers se trouvent plus souvent à la société qu’aux cours et dans leurs chambres. Les sociétés sont en Hollande

  1. La Haye possède aussi on musée japonais qui mérite d’être cité.